La coopérative gersoise Plaimont mise toujours sur Colombelle et s’efforce de mieux coller aux nouvelles exigences des consommateurs. Entretien avec Olivier Bourdet-Pees.
A Saint-Mont (Gers), l’union de coopératives Plaimont s’efforce depuis les années 1970 de cultiver sa différence – la dénomination « Vin de pays des Côtes de Gascogne » a été créée en 1974. 5300 hectares, répartis entre 800 familles de vignerons, et dix châteaux composent le groupement, sur un territoire notamment connu pour l’armagnac. Parmi les signatures, Colombelle l’original constitue un des emblèmes de la maison. Ce vin (cépage colombard) à la robe pâle, fruité, peut s’accorder avec du crabe ou du saumon. Olivier Bourdet-Pees, directeur général de Plaimont, nous présente la structure.
Comment se distingue Plaimont ?
Plaimont est une coopérative qui a la particularité d’être une des plus jeunes de France, il y a quarante ans, sur les cendres de l’armagnac qui souffrait à cette époque dans la région. On cultive exclusivement des cépages autochtones : Plaimont est un espace de découverte. Les cépages (tannat, colombard, manseng…), ainsi que les conditions climatiques, nous caractérisent. Nous avons crée un univers complètement à part, qui n’est pas relié à la demande (du marché mondial. Nous avons aussi le plus grand conservatoire privé de cépages en France. Nous avons retrouvé un pied de manseng noir, que nous avons amené à 27 hectares !
Quelles sont les particularités de votre territoire ?
Nous n’avons pas vocation à établir un style : nous avons un territoire large, et on ne s’ennuie jamais. Il pleut souvent, la région est très fraiche et humide. La fin de saison est plus sèche. Le Sud-ouest, et particulièrement en Gascogne, est une région très tempérée. Le changement climatique est évident : dans toutes les régions, on parle de la sécheresse et des chaleurs exubérantes – nous sommes privilégiés. C’est une région d’avenir pour les vins blancs, et qui s’ouvre aux vins rouges. Nous échangeons aussi régulièrement avec les producteurs d’armagnac, qui doivent se structurer commercialement. C’est aussi une fierté du terroir.
« Il faut des vins plus digestes »
De quelle manière travaillez-vous sur l’adéquation à la demande des consommateurs ?
Nous apportons des éléments de réassurance sur la qualité sanitaire des vins. Nous visons 15% de notre vignoble en bio, et l’autre partie en haute valeur environnementale (HVE). En trois ans, nos vignerons devront être au niveau 3 HVE, le plus élevé – nous devrions y arriver d’ici deux ans. Nous travaillons aussi sur la digestibilité du vin : petit-à-petit, avec de grosses maturités, des vins très denses… Les consommateurs ont exprimé des difficultés. Il faut des vins moins riches en alcool, ce que nous permettent les vieux cépages. La bière ou des produits connexes paraissent plus digestes que le vin ! Il faut des vins pour les moments d’exception, mais aussi plus frais, compris entre 9 et 12 degrés. Des cavistes le reconnaissent, mais il faut être militant. On ne fait aucune désalcoolisation. Nous avons un vin rouge à 11 degrés, que les gens redécouvrent. On peut faire des vins d’excellence qui restent digestes.
Quels sont vos réseaux de distribution privilégiés ?
Nous sommes organisés autour de réseaux traditionnels, à l’export (60% des volumes) et en France, notamment chez les cavistes et les restaurateurs. Ils expliquent ce que nous sommes, mais on leur apporte aussi des produits incroyables qu’ils présentent (des vins très frais, des cépages peu connus…) Ils font découvrir de vieilles variétés de tomates, de pommes… Nous avons des vins blancs secs qui correspondent à des poissons nobles ou fromages, Colombelle qui s’accorde avec une gastronomie qui permet de voyager (des vins assez vifs et aromatiques), assez puissante. Le manseng noir peut s’accorder à un tartare, par exemple, avec une viande goûteuse qui ne soit pas écrasée par un vin trop riche.
Quelles astuces permettent de capter les Millenials ?
La nouvelle génération de consommateurs a envie de découvertes. Ils veulent acheter un moment plus qu’un produit. Il y a quarante ans, notre projet n’était pas gagné, mais nous avons aujourd’hui qui voyage, qui est avide de découvertes… C’est phénoménal pour nous. Il faut des moyens pour la capter, nous devons nous y adapter.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.
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