Les conséquences de la crise à l’économie réelle se font sentir dans tous les secteurs. En témoigne celui du vin, et plus particulièrement du champagne. Pour la première fois depuis 2000, le nombre de bouteilles vendues devrait baisser. Selon les chiffres fournis par le Comité interprofessionnel du vin de Champagne, (CIVC) les exportations en direction des Etats-Unis ont reculé de 22 % depuis le début de l’année, sur fond de fluctuations monétaires et de difficultés économiques. Les expéditions en France et au Royaume-Uni ont pour leur part reculé de 4 %.
« La baisse des volumes est plutôt saine. La Champagne était partie dans une croissance trop forte ces dernières années. Nous sommes pratiquement au maximum des capacités de production de raisins« , tempère le président du CIVC, Ghislain de Montgolfier, dans une interview accordée au Figaro. Plus largement, pour le secteur du vin, « alors que les États-Unis subissent une crise économique importante, la consommation des grands vins ne semble pas en être affectée outre mesure, bien au contraire« , expliquent les responsables d’un fonds d’investissement spécialisé. L’indice Liv-ex, qui suit l’évolution de 100 vins français, a progressé de 256 % depuis quatre ans, contre 16 % pour le CAC 40 !
La hausse des prix du raisin devra toutefois être prise en compte dans les comptes des producteurs, qui peineront à répercuter ces variations dans les prix de vente: nombre de professionnels considèrent que les seuils psychologiques ont déjà été franchis par certaines marques.
Il n’est pas pour autant inutile de se détourner du secteur à des fins d’investissement. La montée en puissance des fonds spécialisés a bouleversé les acteurs traditionnels. Miser sur quelques exploitations de renom semble être la stratégie la plus judicieuse à l’heure actuelle: « Le moins exceptionnel souffrira sans doute dans les mois à venir. À l’inverse, vu le petit nombre de bouteilles produites, la politique de pénurie menée par les grands châteaux bordelais continuera à soutenir les cours. Il faut être très vigilant et entrer sur le marché de manière sélective« , indique au Figaro Pascal Kuzniewski, expert en vins.
Même si le marché rencontre des difficultés, le secteur semble avoir de beaux jours devant lui sur le plan financier. Une nouvelle voie, davantage axée sur le grand public, est par ailleurs explorée par certains exploitants: l’oenotourisme. Cette forme de parcours à travers les vignobles se développe, poussée par un grand nombre d’intitiatives locales et amplifiée par les coffrets-cadeaux.