L’intégration combinée de la culture vivrière et énergétique constitue un compromis environnemental et social poussé par les Nations Unies. La nécessité de trouver de nouvelles sources de carburant doit aller de pair avec le défi de la sécurité alimentaire.
Au moyen d’un convertissement de la biomasse en agrocarburants, Air France testera, dès 2014, un substitut au pétrole, sujet à un épuisement programmé des ressources et à une importante hausse de ses prix. 2.000 tonnes par an seraient dévolues à la compagnie aérienne, qui compte, par le biais de son fournisseur, ne pas faire concurrence aux terres réservées aux cultures alimentaires.
Cette initiative, notamment pilotée par le Commissariat à l’énergie atomique, révèle une prise de conscience importante quant à la nécessité, malgré le défi environnemental prédominant, d’utiliser les agrocarburants sans mettre en péril la production alimentaire.
Car, depuis de nombreuses années, les agrocarburants sont pointés du doigt pour la place leur étant dévolue, au détriment des cultures alimentaires en terre et en eau. Alors que la question de la sécurité alimentaire est au centre de l’attention des décideurs économiques et politiques, la substitution de terres agricoles pour le compte de la production de carburants fait l’objet d’un vif débat, les bénéfices économiques étant dans de nombreux cas plus importants pour les agriculteurs, notamment par le biais de subventions étatiques, mais réduisant de fait les quantités en denrées alimentaires produites.
Selon un récent rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, un compromis pourrait être trouvé en intégrant simultanément ces deux cultures, permettant notamment aux paysans d’accroître leurs revenus tout en conservant à l’esprit la nécessité de nourrir une population toujours plus importante. « Conjuguer la production de nourriture et d’énergie pourrait constituer une des meilleures formules pour accroître la sécurité vivrière et énergétique des pays tout en réduisant la pauvreté », suggère la FAO.
Les nouvelles générations d’agrocarburants, qui ne dépendent plus seulement de la culture agricole mais s’appuient également sur les résidus de productions ou les déchets par exemple, la gestion de la collecte et de la transformation de ces matériaux étant posée en termes logistiques et financiers.La production de carburants alternatifs s’avère néanmoins importante à prendre en compte, un rapport présenté à la Commission européenne mettant en exergue leur « potentiel nécessaire pour remplacer progressivement les sources d’énergie fossiles et rendre le transport durable d’ici à 2050 ».
Avec l’hydrogène – encore à un stade embryonnaire – et l’électricité – dont l’usage tend, de nouveau, à se développer auprès du grand public –, les agrocarburants en constituent une part non-négligeable. Les conditions de leur production seront donc au centre de leur acceptabilité économiques et sociales, leur quantité, leur prix et la part des terres agricoles leur étant dédiées étant essentielles pour les acteurs du secteur de l’énergie.