Créateur du bureau d’études Vercross, spécialisé dans le sport outdoor, Xavier Roussin-Bouchard s’appuie sur les matériaux composites pour développer des produits innovants.
Lancé il y a deux ans, le cabinet d’études Vercross, basé à Méaudre (Isère), est spécialisé dans le développement de produits autour des sports extérieurs (outdoor). Son fondateur, Xavier Roussin-Bouchard, est ingénieur mécanique et matériaux et possède un diplôme d’études approfondies en conception et matériaux composites. Responsable Bureau d’études et industrialisation chez Air Liquide, sur les activités liées à l’aéronautique et à la défense, il propose, parallèlement à son activité, ses services aux marques. Interview.
Quel constat vous a incité à créer Vercross?
Pratiquant beaucoup de sports différents et passionné par la conception produits je suis toujours en train de réfléchir à l’amélioration des produits que j’utilise lors de mes sorties sportives. Le problème lorsque l’on conçoit les produits dans son garage c’est de passer du dessin à la réalisation. Les composites sont un bon moyen déjà de limiter les coûts. C’est une des seules familles de matériaux que l’on peut mettre en œuvre sans trop d’investissement.
J’ai eu l’idée de détourner l’impression 3D et de l’associé aux matériaux composites pour prototyper mes pièces. Je suis allé voir mon ancien employeur (Time Sport) pour savoir si ma technologie pouvait les intéresser. Ils m’ont fait confiance et m’ont demandé, en plus, de réfléchir à l’amélioration de leur process. Vercross a donc la double vocation de développer des produits et faire du conseil sur de l’amélioration des process composites.
Comment accompagnez-vous les industriels du sport outdoor?
Vercross se différencie des autres bureaux d’études produits en arrivant directement chez ses clients avec des dossiers « prêts à fabriquer ». Toute la conception, la recherche de partenaires industriels, le calcul des coûts, de la rentabilité, des investissements, le prototypage sont réalisés en amont,… de sorte que le temps de mise sur le marché et beaucoup plus courte.
Les TPE sont souvent dépourvues de bureau d’études, et mes vingt ans d’expériences dans le développement produits permet d’aller très vite vers des concepts. L’accompagnement peut vraiment être complet et se faire à la fois sur la technique, la recherche de partenaires industriels, sur le process, sur la partie normative et réglementaire, ainsi que sur la qualification du produit. Certains clients préfèrent garder une partie des tâches.
Les innovations que j’amène sont étroitement liées aux sports que je pratique. Cela me permet d’être très autonome par rapport à l’établissement d’un cahier des charges. J’ai commencé à travailler sur des sports indoor (fitness notamment). Je peux le faire grâce au lien fort et à la proximité du client pour qui je travaille. J’ai besoin de plus d’échanges pour appréhender les problématiques et les contraintes.
Quelles sont les principales attentes des marques de sport, en termes de développement de produits?
Les méthodologies de développement, les capacités de calcul, les niveaux de connaissances entre concurrents d’un même domaine d’activité sont très proches. Il faut donc recréer de l’écart entre les marques en allant plus vite à moindre coût ! Incontestablement, l’innovation est un driver fort pour le développement des produits sportifs.
Comment vos clients envisagent-ils l’innovation?
L’innovation peut être perçue de beaucoup de différentes manières. Ce peut être de l’innovation fonctionnelle, de la connectivité, de l’innovation process, des produits plus respectueux de l’environnement ou une forte différentiation design. En fonction de l’activité, de la gamme de la culture de la marque… les innovations n’ont pas le même impact, je choisi aussi le client chez qui je vais présenter un produit en fonction du type d’innovation que j’amène.
On parle aussi beaucoup d’open innovation. En étant à l’extérieur, des grosses structures je vois des choses que les personnes qui travaillent depuis des mois sur un projet (bien souvent avec la pression) ne voient pas. La difficulté est de faire accepter ma solution aux équipes pour qu’elles ne me voient pas comme un concurrent. C’est pour ça que la relation que j’entretiens avec mes clients est si importante. Je joue sur la continuité et le long terme.
Quelles sont vos premières réalisations?
Un certain nombre de produits ne sont pas encore sortis. Néanmoins, deux nouveaux rollerskis sont en cours de finalisation pour Barnett avec des accessoires associés. Pour Time Sport, nous travaillons sur les futures structures carbones des cadres, mais là c’est secret. Les noyaux solubles ont permis de faire un design de rollerskis complètement innovant. En ce moment, je développe une poignée de bâton de ski de fond entièrement creuse. Le poids est divisé par deux par rapport aux meilleures poignées du marché. Enfin j’ai signé un contrat de partenariat avec le Pôle européen de la plasturgie pour développer une technologie de prototypes composites avec noyaux solubles.