Les professionnels du transport routier de marchandises émettent de nombreuses suggestions pour contrer la crise à laquelle ils sont confrontés.
Ce ne sont pas moins de 40.000 emplois qui devraient être détruits, en 2009, dans les entreprises du transport routier selon la Fédération nationale du secteur. Les pertes s’élevaient à 8.000 emplois au premier trimestre. Ces chiffres, inquiétants, ne constituent qu’une partie de la crise que traverse, depuis de nombreux mois, le secteur: sur les trois premiers mois de l’année, le nombre de faillites dans le transport routier de marchandises (TRM) a explosé, avec 65 % de défaillances supplémentaires sur un an.
En 2008, 10.000 emplois ont été perdus et plus de 2.000 entreprises ont mis la clef sous la porte, une tendance qui ne semble pas prête de s’arrêter. « Le secteur affronte à la fois une baisse des volumes d’activité et à une baisse des prix, dans un contexte de concurrence qui risque de s’aggraver », pointait du doigt en avril dernier la Fédération nationale des transports routiers, mettant en avant l’ouverture, depuis le 1er mai, de l’ouverture du cabotage à de nouveaux pays d’Europe centrale et orientale (seuls les titulaires d’une licence communautaire sont habilités à effectuer des transports intérieurs dans les autres Etats membres à titre temporaire).
Ce contexte d’ouverture du secteur n’est pas le seul facteur mis en cause dans la crise traversée par les transporteurs routiers: les difficultés autour de la consommation ont pénalisé l’activité, avec de nombreuses fermetures d’usines et les réticences des clients à faire appel de façon répétée aux entreprises du secteur. Les soubresauts des cours du pétrole, entrainant ceux du carburant, le manque de trésorerie des entreprises et les difficultés à obtenir des crédits (le secteur est jugé assez instable) ont également contribué à l’aggravation des problèmes.
Les délais de paiement pénalisent les PME
La crise traversée par les entreprises du transport routier de marchandises ne se limite pas à la France. En Italie, les tensions se cristallisent sur les délais de paiement, à 100 jours en moyenne. Pour l’Union européenne des transporteurs routiers, « le gouvernement doit imposer des délais à 30 jours parce que les chefs d’entreprise n’ont pas à se substituer aux banquiers ». Cette demande, lancinante, complète une série de propositions adressées cette fois-ci à la Commission européenne, parmi lesquelles l’encouragement des sociétés financières à faciliter l’octroi de crédits, la révision des règles d’insolvabilité, l’arrêt des créations de taxes ou vignettes environnementales, et l’instauration d’incitations fiscales en faveur de l’achat de véhicules plus propres et plus sûrs.
« La gestion de la crise doit conjuguer concurrence, sécurité routière et la dignité de l’homme, mais en même temps, le TRM doit innover et se préparer à un nouveau cycle », expliquait récemment, selon l’Officiel des transporteurs, le président de l’association italienne Confrasporto, Paolo Uggè. Pour l’organisation spécialisée, la crise doit être l’occasion, pour les transporteurs routiers, de faire valoir leur valeur ajoutée en innovant et en adoptant de nouveaux comportements. Le tissu économique représenté par le secteur, principalement composé d’une myriade de PME, est une chance pour la sortie de crise, font valoir les professionnels du secteur.
Au-delà des mesures économiques classiques réclamées par la profession, les difficultés du secteur ne se résoudront également, selon de nombreux experts, que par l’accroissement des contrôles à l’échelon européen, afin de lutter contre les pratiques « low-cost » et potentiellement à risque de nombreuses firmes.