La nouvelle application Swiper propose de récompenser ses utilisateurs, qui acceptent l’affichage de publicités lors du déverrouillage de leur téléphone mobile.
William Tarnowski, 24 ans – et encore étudiant ! – a lancé Swiper, une application mobile consistant à afficher de la publicité sur le « premier écran » du quotidien : l’interface de déverrouillage de notre téléphone mobile. Les utilisateurs sont récompensés au moyen de points, qui donnent accès à diverses offres (transport, cinéma, etc.) Interview.
Quel constat vous a incité à créer Swiper?
William Tarnowski – Swiper est né du constat simple que la publicité mobile d’aujourd’hui n’est ni adaptée aux usages ni aux besoins des annonceurs. La raison : les formats publicitaires mobiles ont été transposés de l’ordinateur au mobile sans prendre en compte la dimension personnelle du mobile. De part la taille de l’écran, imposer une publicité à l’ouverture d’une application présente des effets négatifs : le mobinaute est gêné dans sa navigation et perd le capital sympathie qu’il a pour le média et ne regarde souvent même pas le contenu. Qui n’a pas déjà pesté en cherchant la petite croix pour le fermer ? C’est ce manque de formats adaptés qui rend les campagnes des annonceurs beaucoup moins performantes.
Disposez-vous de chiffres à ce sujet?
Cela se traduit de façon très claire lorsqu’on constate que malgré le fait que le mobile ait dépassé l’ordinateur en termes d’usage, les investissements publicitaires sur mobile ne représentent que 26% des investissements publicitaire digitaux contre 33% au Royaume-Uni. Il y a donc un réel besoin de moyens pour les annonceurs qui comprennent l’enjeu essentiel de communiquer sur mobile sans avoir de moyen efficace de le faire.
De nombreux internautes et mobinautes se plaignent de la forte présence de la publicité: comment comptez-vous contourner cet écueil?
Nous avons tous déjà été marqués au moins une fois par une publicité parce qu’elle a été créative, drôle ou tout simplement parce que l’on s’est senti concerné. Les gens qui n’aiment pas la pub oublient souvent cela à cause des formats de moins bonne qualité qui ont émergé sur internet ou sur mobile et qui sont souvent vécus comme intrusives par le mobinaute. Notre objectif est de créer un terrain de communication privilégié entre les annonceurs et leurs consommateurs en prenant en compte leurs besoins et centres d’intérêts renseignés dans l’application.
Swiper veut redéfinir le rapport qu’ont les gens vis-à-vis de la publicité en faisant en sorte qu’elle soit choisie et non plus subie. Les utilisateurs gagnent des points à chaque swipe ou déverrouillage et peuvent les utiliser pour profiter d’offres chez nos partenaires. C’est un système « win-win » : l’utilisateur peut tester de nouveaux produits et l’annonceur l’accompagne durant tout le processus d’achat. Un mobinaute déverrouille son mobile entre 150 et 200 fois en moyenne par jour soit une fois toutes les cinq minutes !
« Le premier écran, c’est l’écran de verrouillage ! »
Nombreuses sont les applications et les marques sur le segment du mobile, qui devient le « premier écran »: comment comptez-vous imposer Swiper?
Lorsque nous employons le terme « premier écran » nous parlons de l’écran de verrouillage qui est le premier écran que l’on voit en consultant son mobile, bien avant les applications qui sont en troisième écran (écran de verrouillage, écran d’accueil puis écran d’application souvent précédé par un interstitiel). Swiper se lance automatiquement à l’ouverture du mobile et apparaît avant tous les autres contenus du smartphone.
Conquérir le marché des applications qui en effet est saturé n’est pas chose facile, cependant de par les données encourageantes que nous avons – plus de 20.000 utilisateurs en 5 mois avec un taux de rétention supérieur à 50% sur deux semaines sans employer d’énormes moyens – nous sommes convaincus du potentiel de démocratisation de l’application et de l’attrait qu’elle représente pour les mobinautes.
Comment réagissent vos utilisateurs?
Swiper affiche seulement une trentaine de contenus par jour. Nous avons récemment fait une étude auprès de 500 de nos utilisateurs. 63% d’entre eux trouvent qu’il y a trop peu d’affichages, et 33% s’estiment satisfaits du nombre d’affichages ! Par ailleurs 39% des sondés qualifient d’excellente leur expérience sur Swiper, et 51% la qualifient de bonne.
« Vers une deuxième levée de fonds »
N’est-ce pas trop difficile de mener de front une vie d’étudiant et une vie d’entrepreneur?
Dire que c’est simple serait un mensonge ! Pour l’instant nous y arrivons et c’est en partie parce que nos écoles respectives nous aident à aménager notre parcours pour mener au mieux nos études et notre startup. C’est le cas de Neoma Business School, l’école d’un des deux cofondateurs dont nous avons intégré l’incubateur aux prémices du projet. Par la suite nous avons tous deux choisi de prendre une année de césure pour se concentrer entièrement au projet Swiper qui fut couronnée par l’intégration de l’accélérateur Startup42 et la réalisation d’une levée des fonds pour recruter une belle équipe ainsi que des bureaux à Paris.
Quels sont vos objectifs de développement ?
Après une première levée de fonds réussie, nous envisageons un second tour de table d’ici au printemps. Nous prévoyons par ailleurs de passer le cap des 100.000 utilisateurs aux alentours du mois d’avril et de s’exporter en Europe dans les mois qui suivront. Nous travaillons également sur une idée encore plus disruptive dans le milieu de la publicité mobile.