La crise exacerberait le stress parmi les salariés. Etudes, préconisations et accords se multiplient pour tenter de l’enrayer.
56% des cadres dirigeants relèvent un accroissement du stress dans leur entreprise. Ce chiffre, tiré d’une récente étude publiée par Cegos, menée en juin dernier, illustre le poids persistant des risques psychosociaux, plus particulièrement sous cette forme, dans les sociétés, malgré les nombreuses initiatives prises dans ce domaine.
Cette augmentation du stress constitue, pour les personnes interrogées, le premier élément caractérisant l’impact de la crise sur leur entreprise. Plusieurs items également cités s’y rattachent : 41% évoquent les défis managériaux liés à l’impact sur leurs équipes, parmi lesquels la gestion du désengagement des salariés ou de plans sociaux, tandis que 23% témoignent d’une incertitude personnelle liée à leur avenir ou à celui de leur entreprise.
S’il est vécu comme un fardeau, et semble être exacerbé par l’incertitude du climat économique et social actuel, le stress ne pourra pas totalement être éradiqué, précise Laurent Oudoux, président du cabinet de conseil Trajectives, à L’Express. « Fixer des objectifs à atteindre, mettre les salariés sous tension. Cette approche du stress est anti-productive. Il ne faut pas manager par le stress mais manager le stress lui-même », préconise-t-il. Au-delà de l’impact conjoncturel, le stress peut, selon lui, s’avérer bénéfique dans une certaine mesure, mais ne doit pas pour autant devenir un instrument de management.
Signe de ce lien entre organisation et mal-être au travail : les salariés sont de plus en plus nombreux à établir un lien entre la surcharge de travail dont ils sont affectés et leur santé. Selon une enquête dirigée par le cabinet de recrutement Robert Half, 52% le placent en exergue. L’organisation patronale Entreprise et Progrès suggère, en la matière, de déployer une organisation induisant une réelle subsidiarité permettant aux salariés de pouvoir non seulement bénéficier de marges d’autonomie, mais également de pouvoir recourir à leurs supérieurs.
Chez Eurodisney, un nouvel accord portant sur la politique de prévention, d’évaluation et de traitement du stress au travail et des risques psychosociaux de l’entreprise a été conclu début septembre entre la direction et quatre syndicats. La société, qui s’affirme « soucieuse de garantir l’intégrité physique et mentale de ses salariés » selon Liaisons sociales, met en place des groupes de travail, des questionnaires à disposition des infirmières, et une nouvelle méthodologie de prévention en amont de chaque projet.
Le médecin du travail devra en être informé « au plus tôt », tandis que les constats et les enjeux relatifs à ces évolutions devront faire l’objet d’un partage entre managers et salariés. La communication, au cœur de cet accord, figure parmi les éléments essentiels à une meilleure prévention du stress, estiment de nombreux spécialistes.
L’aménagement des postes de travail, régulièrement incriminé ces dernières années, y joue également un rôle. Des mutations organisationnelles ou des déménagements peuvent permettre de nombreux changements, devant prendre en compte les besoins de relation entre les salariés mais également leur bien-être personnel. « Dans l’open space idéal, le bien-être des salariés n’est pas forcément lié à l’espace mais à un bon espacement entre les postes de travail », rappelle au site spécialisé Novethic Jacques Boulet, un architecte étant notamment intervenu pour le compte du cabinet Technologia.
Restent à explorer, en matière de management, des méthodes originales pour parvenir à « dompter » le stress. Sophrologie, méditation… les consultations et ateliers spécialisés se multiplient.