Alexandre Gabriel préside depuis 30 ans aux destinées de Maison Ferrand. Le producteur de cognac s’est diversifié dans le gin et le rhum, et s’est largement étendu au-delà de ses frontières.
Entouré de 285 invités, Alexandre Gabriel, président de Maison Ferrand, a fêté le 17 mai dernier ses 30 ans à la tête de l’entreprise. Trois décennies pendant lesquelles la société basée à Ars (Charente) est passée de 6 à 130 collaborateurs; et le chiffre d’affaires, jusqu’alors exclusivement issu du cognac, s’est réparti à moitié sur le gin (Citadelle, créé en 1996) et le rhum (Plantation, lancé en 1999). Un chef d’entreprise auquel ont rendu hommage les salariés. « Qu’est-ce qui fait que l’on peut garder pendant vingt ans le même patron ? Alexandre m’a donné des responsabilités et inspire mes équipes », a témoigné Guillaume Lamy, vice-président Amériques, de passage pour l’occasion au château de Bonbonnet.
De très nombreux bartenders, qui utilisent au quotidien les produits de Maison Ferrand, ainsi que des agents commerciaux et les distributeurs (en France, La Maison du Whisky) ont fait le déplacement pour célébrer le mandat d’Alexandre Gabriel. « Il est vrai que j’ai de la passion, de l’envie – tous les chefs d’entreprise le disent – mais je suis exigeant. Nous sommes une équipe qui a la prétention d’aller au bout des actions qu’elle entreprend. Je pense aux gens qui ont la patience de rester à mes côtés ! Grâce à eux, nous pouvons grandir. » Certains salariés sont présents dans l’entreprise depuis 28 ans.
Des process en évolution
C’est à l’âge de 22 ans qu’Alexandre Gabriel a pour la première fois approché l’entreprise, avant de s’arrimer à l’une des trois branches de la famille Ferrand. « Je voulais réintroduire l’expression du terroir dans le cognac. C’est un spiritueux magique, que les Français boudent de façon incompréhensible. Les grands cocktails ont été créés avec du cognac ! J’aime les défis impossibles. Aujourd’hui, on dit ‘impossible n’est pas Ferrand’ », explique ce Bourguignon d’origine. En tant que maître de chai, il ne cesse de s’activer – dix recettes sont en permanence en cours de création, pour une nouveauté annuelle – et de parcourir le monde : Maison Ferrand compte plus de salariés à la Barbade que dans le reste du monde.
« En France, j’ai une famille, la famille de la Maison Ferrand », s’amuse Scotty Schuder, propriétaire du bar parisien Dirty Dick, spécialisé dans le rhum, et cocréateur d’une incroyable édition des rhums Plantation, OFTD (Old fashioned traditional dark), très concentré en goût et en alcool (69%), début 2017. C’est d’ailleurs à quelques kilomètres d’Ars, à Javrezac, qu’une partie des rhums Plantation sont vieillis. Environ 10.000 fûts sont entreposés.
Côté Citadelle, un œuf de vieillissement haut de 2,45 mètres a été livré il y a un an et demi (deux autres sont commandés), afin d’assembler le gin par convection. Un procédé breveté pour l’heure seulement utilisé par la marque, dans la gamme Citadelle Réserve.
Cap sur l’histoire
Dans les prochains mois, Maison Ferrand mettra l’accent sur ses origines, avec l’ouverture programmée d’une fondation. A Segonzac, une immense demeure, qui appartenait à une habitante ayant conservé d’importants documents sur les familles de la région – dont Ferrand – a été acquise et est en cours de restauration. « La France ne redécouvre que maintenant ses spiritueux, regrette Alexandre Gabriel. Les spiritueux sont un vecteur d’émotions. »
Photo de couverture : Alexandre Gabriel s’est vu offrir un fût de rhum de Jamaïque de 1989, qui sera descellé dans dix ans.