En quatre ans, 30 & 40 s’est imposé comme un des embouteilleurs indépendants les plus en vue. Mariant la tradition (comme en témoigne sa gamme de single casks) et l’innovation (avec son “spritz de Normandie”), la start-up entend mettre en avant les savoir-faire du Calvados. Elle a accéléré le lancement de son site d’e-commerce, afin d’atténuer les effets de la fermeture des cafés-hôtels-restaurants. Vincent Béjot, cofondateur, revient sur son développement et sur les enjeux d’une production locale.
Pourquoi avez-vous eu l’idée de lancer un apéritif normand ?
Nous voulions revaloriser l’apéritif à la française et les terroirs du Calvados. Je suis d’origine normande, et nous voulions proposer un produit qualitatif. Entre les années 1920 et 1950, il y a eu un foisonnement exceptionnel d’apéritifs (quinas, gentianes, absinthes, liqueurs apéritives, vins aromatisés…), portés dans les cafés par l’apparition du siphon d’eau de seltz. Jusqu’alors, il n’y avait pas de possibilité d’avoir de l’eau gazeuse et du tonic facilement. Après la deuxième guerre mondiale, les Français se sont tournés vers le whisky, la vodka et le gin, qui étaient des alcools très industriels – on parlait essentiellement de marques. Entre temps, les marques françaises d’apéritif avaient fait faillite, alors rachetées et adaptées afin que leurs prix restent bas.
Comment s’est développée votre gamme ?
Nous avons donc lancé Double Jus (23%), un apéritif supérieur et naturel de pomme. Toutes les pommes proviennent de Normandie, il n’y a pas d’ajout d’alcool neutre (nous utilisons du calvados). Il n’y a pas d’ajout de sucre. On introduit du calvados dans du jus de pommes à cidre pour couper la fermentation – un process aussi utilisé pour la fabrication du pineau des Charentes ou le pommeau de Normandie. Ensuite, nous avons élargi la gamme pour défendre les terroirs du Calvados.
De quelle manière avez-vous procédé ?
Avec les single casks, nous cherchons des fûts isolés chez des producteurs. Parler de la diversité du calvados, c’est un des moyens de le mettre en avant. Quatre éditions, depuis octobre 2018. L’eau-de-vie de cidre et le calvados extra-old ont, eux, vocation à exprimer d’autres choses. L’eau-de-vie de cidre (45°), comme une blanche de Normandie, est un assemblage de deux eaux-de-vie de cidre, de la Manche et du pays d’Auge. Le calvados extra-old (10 ans d’âge) nous a permis d’exprimer notre vision du produit, avec une finale très sèche, en restant sur le produit.
“Nous bénéficions de la tendance low ABV”
Quels sont les usages recommandés de vos produits en circuit hors-domicile ?
Nous sommes quasiment exclusivement présents en CHR, et plus de la moitié de nos ventes s’effectuent à l’export. Nous disposons d’un bureau commercial au Royaume-Uni, où nos ventes étaient en fort développement avant la crise du Covid-19. La tendance low ABV nous a beaucoup porté. Elle encourage les bartenders à utiliser 30&40 Double Jus en base cocktails. Le “spritz de Normandie” (5 cl de Double jus, top de tonic – par exemple Fever-Tree Mediterranean – branche de romarin, rondelle de citron) plaît bien !
De quelle manière vous positionnez-vous sur le made in France ?
Nous militons pour la mise en avant les terroirs français. La mission qu’on s’est donnée est de pousser les terroirs du Calvados. Notre angle d’attaque diffère de celui d’autres producteurs : plutôt que d’aller chercher un alcool de typicité anglo-saxonne à faire fabriquer en France, nous avons cherché ce que l’on savait faire localement. Nous n’avons pas eu recours aux finishs, qui sont intéressants lorsque l’on arrive à maturité sur une catégorie. Le “boire français” est plus une vague de fond, davantage qu’un intérêt spécifique pour cette thématique.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.