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La santé à distance, approuvée mais difficile à déployer

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La difficile mise en œuvre de solutions de télésanté et de télémédecine pénalise l’usage de ces dispositifs auxquels aspirent les Français à des fins préventives.

A l’heure où les débats relatifs au financement de la Sécurité sociale et aux « déserts médicaux » font rage, les résultats d’un sondage réalisé par TNS Sofres lèvent un tabou sur la prise en charge des Français en termes de santé. 62% d’entre eux estiment que le service conseil médical à distance pourrait dans certains cas remplacer une consultation chez un médecin. 60% des Français déclarent par ailleurs s’autogérer lorsqu’un symptôme survient… une réponse immédiate face à un problème de santé étant néanmoins jugée rassurante (58%).

La consultation chez un médecin, qui pose non seulement des problèmes de coûts mais aussi d’accès, semble donc faire l’objet d’une certaine forme de remise en cause au sein de la population pour des symptômes qui semblent déjà identifiés. Selon cette même enquête, 56% des Français pensent qu’un service de téléconseil santé, induisant donc de la distance, serait utile au quotidien, et 63% en cas de maladie ou d’accident d’un jeune enfant.

Cette adhésion – qui se vérifie en théorie, mais qui reste à prouver dans les faits – à de tels services rassure les assureurs et les assisteurs, qui pourraient ainsi réaliser de substantielles économies : le directeur santé de Mondial Assistance Laurent Goldstein explique aux Echos qu’ils permettent « de faire diminuer les consultations de 50% », en s’appuyant sur les exemples anglais et suisses. La pratique n’est autorisée en France que depuis un décret paru en octobre dernier.

Des tests auprès de particuliers, d’hôpitaux et… d’une prison

Les pistes d’application ne manquent pas. En Polynésie française, le ministre de la Santé  Charles Tetaria a présenté la télémédecine comme une « évidence » : « l’impossibilité de médicaliser certaines zones géographiques isolées » et « l’accroissement inexorable du coût de la santé » justifient son déploiement dans l’archipel.

En région toulousaine, les premiers tests en la matière, plus ou moins importants, ne sont, pour l’heure, véritablement concluants. Les diagnostics réalisés par Kompaï, un robot développé par la société française Robosoft à des fins d’accompagnement des personnes âgées, sont ainsi prometteurs mais le déploiement de l’appareil, actuellement en test et particulièrement encombrants, s’annonce difficile avec un objectif de prix fixé à 10.000 euros.

En Alsace, des expérimentations à plus grande échelle s’apprêtent à être conduites : la prison d’Ensisheim sera dotée d’un dispositif relié aux hôpitaux de Colmar et de Rouffach, tandis que la plateforme Simra, dédiée à la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux au sein d’établissements n’étant pas dotés de neurologues, permettra le partage de documents préalablement à un éventuel transfert. Le déploiement de telles technologies requiert « une sensibilisation des professionnels de santé », rappelle à L’Alsace Gaston Steiner, président du groupement de coopération médicale Alsace e-santé, pour qui les patients doivent aussi être impliqués.

La fiabilité des conseils et des consultations constitue un point d’interrogation fort, au même titre que celui de la confidentialité des données. A Rennes, le Syndicat interhospitalier de Bretagne vient d’inaugurer un datacenter stockant les données des patients de ses établissements. L’objectif d’une infrastructure propre est de pouvoir répondre aux défis de la sécurité et de la disponibilité des informations, les radiographies étant ainsi accessibles dans l’ensemble des hôpitaux connectés.

Potentiellement plus efficace – en se concentrant sur les cas les plus graves – et moins chères, le secteur de la santé tient peut-être, grâce au numérique, une piste sérieuse, mais nécessitant d’être davantage approfondie, pour assurer son avenir.

*Etude TNS Sofres réalisée pour Mondial Assistance auprès d’un échantillon de 1.006 individus âgés de 18 ans et plus entre le 25 avril et le 3 mai par Internet.

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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