Cofondatrice de la plateforme de crowdfunding Anaxago, Caroline Lamaud rappelle la nécessité, pour les acteurs du financement participatif, de structurer leurs process de sélection des dossiers et d’accompagnement des entrepreneurs.
Lancé en mars 2012, Anaxago figure parmi les pionniers du crowdfunding. Conçue comme un « club d’investissement nouvelle génération », l’entreprise focalise son développement sur deux segments : les PME/start-up et, depuis l’automne 2014, l’immobilier. Caroline Lamaud, cofondatrice et directrice Marketing et communication d’Anaxago, répond aux questions de Business & Marchés.
Quel regard portez-vous sur le développement d’Anaxago depuis son lancement?
Anaxago s’est développé très rapidement : nous nous sommes lancés il y a à peine trois ans, et nous avons dépassé les 30 millions d’euros investis dans les start-up. On a su trouver des relais de croissance, notamment dans l’immobilier. Nous avons pour objectif d’arriver aux 50 millions d’euros investis l’année prochaine. Nous avons fait partie des entrants sur le marché, au moment où le crowdfunding était encore balbutiant. On passe énormément de temps à analyser les dossiers. On a bien conscience que le ticket d’entrée de 1000 euros minimum au capital des entreprises est élevé, mais il justifie l’attention portée aux dossiers et favorise une véritable implication actionnariale.
De quelle manière agissez-vous pour participer à structurer l’univers du crowdfunding?
Aujourd’hui, avoir un process rigoureux permet d’attirer la confiance des investisseurs. Le travail qui a été mené par la réglementation par mon associé François Carbone, qui a présidé l’association du secteur (Financement Participatif France) pendant plus de deux ans, nous a permis de travailler sans souci. Le statut de Conseiller en investissement participatif, promulgué en octobre 2014, nous a aidés : nous avons enfin touché des personnes qui, jusqu’alors, avaient des doutes sur notre activité. Le process de sélection des dossiers a été amendé et affiné : notre due diligence est passée de 10 à 40 points de contrôle.
« Il faut accompagner les entrepreneurs et les investisseurs »
Comment accompagnez-vous les entrepreneurs?
Il y a une grosse phase d’accompagnement avant la campagne de crowdfunding, entre autres concernant le plan de développement des entreprises : les business plans doivent être concrets et réalisables. Un réseau de prescripteurs nationaux nous accompagne pour la sélection des dossiers. Nous rencontrons les entrepreneurs à plusieurs reprises, tout au long du process et pendant la campagne. Le taux de sélection des dossiers est de moins de 3%. Un formulaire en ligne permet de présenter un dossier ; nous travaillons également avec des réseaux d’entrepreneurs. Une fois que le financement a été réalisé, Anaxago représente les investisseurs privés au capital de la société et siège au comité stratégique de l’entreprise.
Selon vous, quels types d’initiatives peuvent permettre de populariser le crowdfunding?
Avant toute chose, il faut éduquer une population qui a envie de s’intéresser au crowdfunding, mais qui n’en maîtrise forcément les codes. Pour moi, le grand public sera attiré par des projets qui lui parleront ou des marques qu’il connaît. Nous organisons des roadshows, et nous proposons de nombreuses informations sur notre site. Nous avons commencé à publier un baromètre du crowdfunding immobilier, et nous organisons des séminaires en ligne.
Quels sont les principes du crowdfunding immobilier?
On reste dans du capital-risque (private equity). Le principe est de financer la construction de logements, partout en France, sur de petits projets (de 5 à 50 logements), parfois du logement social. L’idée est de devenir actionnaire de la société de construction-vente qui gère le chantier, et de sortir au bout de 12 à 24 mois, avec avec de 8% à 12% net de frais de taux de rentabilité. Nous avons récolté plus de 15 millions d’euros cette année, et nous avons déjà deux sorties positives (20% et 8% respectivement de rentabilité). Aujourd’hui, nous avons permis la construction de 2000 logements. Cela a une vraie implication sociale. Dans les entreprises ou dans l’immobilier, l’idée est de miser sur le réel.
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