Lancée fin décembre 2015, l’application mobile de rencontres Tutti flirty compte déjà 100.000 utilisateurs. Des messages vidéo permettent de se présenter. Son cofondateur, Victor Saison-Willot, répond aux questions de Business & Marchés.
Quel constat vous a incité à créer Tutti flirty?
Victor Saison-Willot — En discutant avec des amis célibataires, je me suis rendu compte que nous partagions le même constat : 50% des rendez-vous après une rencontre sur internet sont décevants. Le passage du virtuel au réel est semé d’embuches : physique ne correspondant pas aux photos, accent imprévu, mimiques gênantes, charisme ou éloquence absents… Il manquait une appli fun, facile à utiliser et répondant au principal problème des sites de rencontres : les mauvaises surprises lors des premiers rendez-vous.
Comment vous différenciez-vous sur le marché très concurrentiel des applis de rencontres?
En 2015, chez les 18-35 ans, un couple sur trois s’est formé grâce à internet. Les acteurs historiques (Meetic, Adopte un mec, etc) ont bien du mal à s’adapter à la vague des applications basés sur la géolocalisation, comme Tinder ou Happn. Jusqu’à présent, on a tous le même comportement, humain : on met sa plus belle photo qui nous avantage, bronzé en vacances, ou retouchée… Le concept de Tutti est très différenciant : pas de photos, pas de tchat, pas de profils : uniquement des «flirts»! Un flirt consiste en une courte vidéo de 10 secondes maximum. L’utilisateur se présente, choisit qui il veut rencontrer, et lui envoie des flirts.
Comment expliquez-vous le fort démarrage de l’application ?
Il manquait une appli 100% vidéo, ludique et rigolote, qui empêche les mauvaises surprises. Voilà la clé du succès ! L’appli est disponible sur iPhone depuis le 22 décembre 2015. Elle est dans le Top 10 Apple, en catégorie Rencontres, depuis la Saint Valentin. Nous avons atteint les 100.000 utilisateurs en 5 mois, et nous arrivons sur Android très prochainement. Tutti flirty cartonne surtout auprès des 19-35 ans : on n’a pas honte d’utiliser l’appli en cours, dans une file d’attente, lors d’un footing, en soirée, avec des amis, on partage un moment réel de son quotidien. On donne aussi un aperçu de son univers en se filmant chez soi.
De quelle manière fonctionnent les échanges vidéo?
La promesse de Tutti flirty est le gain de temps. Si la personne ne lui plait pas, l’utilisateur le sait immédiatement. On peut aussi réaliser plusieurs vidéos de profils visible par les autres utilisateurs et l’on a une seconde chance, on peut refaire sa vidéo quand on le souhaite : ce n’est pas comme sur Tinder où l’on swipe à droite ou à gauche, on ne bannit pas un utilisateur, on peut le revoir plus tard s’il correspond à nos filtres de recherche. Tutti flirty est aussi la première appli 100% illimitée : on ne doit pas attendre la validation réciproque des profils pour contacter une personne. C’est plus frais, spontané et léger !
De quelle manière supervisez-vous les contenus diffusés sur l’application?
Grâce aux filtres, les utilisateurs renseignent leurs préférences. Notre équipe valide les vidéos de présentation publiques, afin d’éviter toute obscénité, insultes ou bug de son, de cadrage…On apprécie les vidéos vivantes et décalées, si on juge une vidéo plate et sans intérêt, on ne va pas l’accepter et encourager l’utilisateur à faire mieux ! Ensuite, nous ne contrôlons pas les flirts privés, mais les utilisateurs peuvent signaler et bloquer directement ceux qui leur manqueraient de respect et également choisir de ne plus voir certaines personnes.
Quel est votre modèle économique et quels sont vos objectifs de développement?
L’application est gratuite, avec un système d’achats jouant sur la frustration. Par défaut, les hommes ne peuvent pas envoyer deux flirts consécutifs à la même personne, tant que cette dernière n’a pas répondu. Pour lui envoyer un nouveau flirt, l’utilisateur peut payer 0,99 euro. Nous cherchons à lever 500.000 euros pour accélérer, et s’imposer sur le marché parisien fin 2016. Ensuite, notre modèle est scalable : nous visons le développement rapide à l’international.