Les Français sont favorables à une réforme fiscale, mais expriment leurs craintes quant à la mise en œuvre du projet.
Annoncé le 18 novembre dernier par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le principe d’une réforme fiscale – ensuite temporisé par François Hollande, qui préfère évoquer l’ensemble du quinquennat plutôt que l’échéance du budget 2015 – a suscité le débat tout au long de la semaine. « Le système fiscal français est devenu très complexe, quasiment illisible, et les Français, trop souvent, ne comprennent plus sa logique ou ne sont pas convaincus que ce qu’ils paient est juste », a-t-il expliqué aux Echos, répondant à la montée de divers mouvements de contestation.
Reprenant également la main sur le mouvement de grogne entendu jusque dans la majorité, Jean-Marc Ayrault a poursuivi dans son élan en conviant ce lundi 25 novembre les partenaires sociaux pour entendre leurs points de vue et leur présenter les grandes lignes de son projet. Le Premier ministre semble (presque) faire cavalier seul : le ministre de l’Economie Pierre Moscovici n’a pas caché sa surprise quant aux conditions de l’annonce de la réforme… tout en affirmant son soutien au Premier ministre.
La fusion de l’impôt sur le revenu et de la contribution sociale généralisée (CSG), le prélèvement de l’impôt à la source (auquel certains syndicats s’opposent en raison de la communication aux employeurs de l’ensemble des informations jusqu’alors adressées à l’administration), les mécanismes de progressivité ou encore les niches fiscales figurent parmi les enjeux de cette réforme du système fiscal, qui suscite autant d’intérêt que de méfiance.
Ainsi, 89 % des Français estiment qu’il est nécessaire de « remettre à plat » la fiscalité dans le pays, d’après un sondage réalisé par BVA pour i>Télé. Les sympathisants de gauche approuvent cette idée à 91 %, et ceux de droite à 89 %. Toutefois, 89 % des Français pensent que la réforme ne sera pas juste, et 74 % doutent de son efficacité… « François Hollande, lorsqu’il était candidat, voulait incarner l’antithèse d’un Nicolas Sarkozy qui n’aurait pas obtenu de résultats sur le plan économique, tout en menant une politique qualifiée par l’opposition de l’époque comme injuste pour les classes moyennes et modestes », rappelle la directrice adjointe de BVA Opinion, Céline Bracq.
Dans une autre enquête, conduite par l’Ifop pour Le Figaro, 55 % des Français se déclarent favorables au prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu. 54 % des Français sont favorables à la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG afin de « créer un prélèvement unique plus progressif ». Cependant, 50 % des Français pronostiquent une augmentation de leurs impôts à l’issue de cette réforme. Par ailleurs, 66 % des Français doutent de la capacité de Jean-Marc Ayrault à conduire cette réforme. Les conditions de la réforme font davantage débat que la réforme elle-même.