La transparence de certains acteurs économiques est pointée du doigt, tout comme la pratique des subprimes dans la mesure où les conditions de solvabilité n’ont pas forcément été respectées.
Interventions successives de banques centrales, inquiétude sur les places boursières, fonds ou banques en difficulté: la crise qui a frappé la sphère financière ces trois dernières semaines a fait des victimes, et permet de tenter d’apporter des réponses à une série de problématiques afin d’éviter de retrouver de sitôt un tel scénario, tant dans le choix des investissements que dans la communication apportée par les différents acteurs. Les marchés restent toujours dans l’expectative. La crise a été déclenchée, outre-Atlantique, par l’évolution défavorable des taux d’intérêt, les ménages américains s’endettant principalement à taux variables. Ils ne bénéficient cependant d’aucune protection en cas de remontée des taux, ce qui s’est produit. Les foyers ayant contracté des prêts à risques, dits subprimes, sont extrêmement sensibles aux variations des taux, car ils ont partie de la frange percevant le moins de revenus et la plus endettée. Ce type de prêts ont conduits ces ménages à s’endetter jusqu’à plus de 40% de leurs revenus, la dette étant gagée au minimum sur 80% de la valeur de leur bien immobilier. Le nombre de mauvais payeurs croît, et le risque de défaut a plus tendance à se concrétiser.
Or, si les places financières ont réagi face à cette crise au niveau mondial, c’est en raison d’un défaut de transparence éloquent de la part d’une poignée d’acteurs, parmi lesquels BNP Paribas. L’établissement parisien, après avoir assuré être en-dehors de cette crise, a annoncé le 9 août dernier la suspension de trois de ses fonds investis dans des fonds de titrisation ayant pour objet ces actifs immobiliers américains à risque. « Tôt ou tard, il devait y avoir une correction, analyse André Bergen, patron du numéro deux de la bancassurance en Belgique, KBC. Qu’a t-on vu ces dernières années au niveau international? Des actifs financiers qui se sont vendus parfois à des prix extravagants et d’ailleurs insoutenables, des marges sur crédit qui sont descendues très bas et des conditions de crédit qui se sont à certains moments fortement relâchées, au point pour certains d’accorder des crédits à des gens qui étaient à peine en mesure de rembourser ». Il s’exprimait le 11 août dernier au quotidien belge Le Soir. Les banques sont donc en ligne de mire, car elles assurent le financement de l’économie, un crédit pouvant se définir comme l’ensemble des ressources prêtées par une banque ou un établissement financier à un agent économique qui s’engage à payer des intérêts et à rembourser le capital du prêt.
Les agences de notation sont en mauvaise posture après cette crise, étant mise en cause l’incapacité de ces firmes à analyser l’ampleur réelle du problème, de l’exposition de certains acteurs à la crise du subprime, et des doutes sur les modèles utilisés dans le cadre de la prévision des taux de faillite. On reste perspicace à Bercy, selon le Figaro: « Comment autant de produits financiers qu’elles ont évalués sans problème peuvent-ils se retrouver sans valeur du jour au lendemain? ». Selon le quotidien, aucune réaction n’est de mise chez Fitch Ratings ou chez Standard&Poors. Autres acteurs faisant l’objet d’interrogations, les banques centrales. « La BCE note qu’il y a des tensions sur le marché monétaire européen malgré le niveau de liquidités dans le circuit », a fait valoir l’institution le 9 août dernier. En ce jeudi « noir », l’acteur dirigé par Jean-Claude Trichet a débloqué 95 milliards d’euros, puis 61 milliards le lendemain. La Réserve fédérale américaine a pour sa part injecté deux fois 35 milliards de dollars sur la même période, tandis que les banques centrales de Hong Kong, du Japon, d’Australie et du Canada apportaient elles aussi leur écot afin de permettre aux banques de faire face à une pénurie de liquidités, ces établissements hésitant mutuellement à se prêter de l’argent.
La politique des subprimes a certes permis l’accès à la propriété à une série de ménages pauvres, qui ne remplissaient pourtant pas les critères de solvabilité courants, mais à une condition, celle de la création d’une innovation financière, à savoir la titrisation des crédits hypothécaires. Les banques ont sorti ces crédits de leur bilan en les revendant par le biais de produits financiers diversifiés, divisant et diffusant ainsi le risque entre plusieurs acteurs. Face à l’inquiétude des investisseurs sur les potentielles retombées de la crise des subprimes, certaines firmes ayant engagé un processus de ventes d’actifs ou d’OPA doivent se résoudre à prolonger ces processus, la volatilité des cours de Bourse rendant impossible la valorisation de certains actifs.