Les projets se multiplient en matière d’exploration-production. Un volontarisme tempéré par des paramètres d’ordre politiques et sécuritaires.
« Les prix du pétrole sont formés sur des marchés internationaux sur lesquels on n’a pas prise, et la seule manière de contrôler le coût du pétrole, c’est de limiter notre consommation d’énergie », explique de manière pragmatique le ministre belge de l’Energie Paul Magnette, évoquant par ailleurs la piste de grands accords à l’échelle internationale pour mieux appréhender les fluctuations du marché.
Cette remarque intervient à l’heure de l’offensive de l’Irak dans le grand jeu pétrolier : les exportations quotidiennes de brut y ont atteint 2,069 millions de barils en février, soit leur plus haut niveau depuis 1990. L’intervention américaine, en 2003, avait entravé l’activité des compagnies pétrolières, qui tentent désormais de se positionner en vue de débouchés futurs prometteurs.
Les objectifs fixés par Hussein Al-Chahristani, ministre du Pétrole sont ambitieux : atteindre de 10 à 12 millions de barils par jour d’ici à 2020, soit le niveau de production de l’Arabie Saoudite. A noter que l’Irak constitue à l’heure actuelle le seul pays exempt de quotas de production au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP).
Les autres éléments de prospective en notre possession permettent également d’envisager un véritable redémarrage des activités de développement et d’exploration-production des majors, lesquelles avaient dû être interrompues sous le coup de la chute des cours fin 2008. Signe de cet activisme, le vice-Premier ministre russe Igor Setchine a indiqué qu’en janvier, la production de pétrole s’était accrue de 2,8 % en un an dans son pays, second exportateur et importateur d’or noir sur le globe.
Un consortium international emmené par BP compte pour sa part défricher le terrain en Azerbaïdjan, où un champ pétrolier d’une capacité estimée à 380 millions de barils de brut a été identifié. De nouvelles infrastructures offshore complèteront les installations en place dans le cadre du champ Azeri-Chirag-Gunashli, qui fait l’objet d’accords depuis 1994.
L’Afrique entre deux eaux
Parallèlement à ces projets, le problème persistant de l’instabilité politique et sécuritaire de nombreuses zones de production reste posé, pénalisant la bonne marche des affaires. L’or noir représente 95 % des exportations du Nigéria, frappé par une vague de tensions d’origine religieuse et des attaques contre des oléoducs, un des exemples les plus marquants remontant au mois de février.
La vacance du pouvoir a par ailleurs mis en suspens la question d’un relèvement des royalties reversées par les majors au gouvernement, un point d’achoppement entravant des investissements déjà rendus complexes par un environnement mouvementé. « Si la production, qui représente aujourd’hui un tiers du PIB, recommençait à plonger, comme ce fut le cas entre 2005 et début 2009, il faudra s’interroger sur la capacité du gouvernement à financer l’économie », analyse dans le Figaro Jean-Loïc Guieze, économiste senior chez BNP Paribas.
Malgré cette situation, l’Afrique suscite toujours les convoitises, comme le prouve l’exemple de l’Est du continent. Si l’Ouganda, la Tanzanie et du Mozambique font figure de priorités pour les compagnies pétrolières, c’est Madagascar qui tire aujourd’hui son épingle du jeu avec d’importantes réserves encore inexploitées, selon des spécialistes du secteur. Des entreprises chinoises, parmi lesquelles CNOOC, une société pétrolière publique, sont sur les rangs. Pendant ce temps, la France est confrontée à un problème de surcapacités en termes de raffinage, la demande de produits pétroliers y reculant…