La sortie de jeux très attendus devrait pousser le secteur, après un hiver difficile.
Les professionnels du jeu vidéo espèrent rebondir en 2013. Le studio américain THQ (environ 1000 salariés) a annoncé le 19 décembre dernier s’être placé sous la protection de la loi américaine sur les faillites (chapitre 11). Fondée en 1989, l’entreprise, à l’origine des jeux Saints Row, Company of Heroes et exploitant de nombreuses franchises telles que WWE, a conclu un accord avec le fonds d’investissement Clearlake Capital Group, qui rachèterait les actifs pour un montant de 60 millions de dollars.
En France, le studio Wizarbox, d’une taille bien plus restreinte (35 employés) est lui aussi en difficulté. Créée en 2003, la société, dont les activités sont réparties entre l’édition de jeux vidéos et la fourniture de solutions technologiques, doit faire face à une baisse des commandes et amorce un virage vers les serious games. Cet accroc survient dans un contexte pourtant propice au secteur : selon le Syndicat français du jeu vidéo (SNJV), le nombre de joueurs est passé de 17 à 28 millions en l’espace de cinq ans.
De fortes licences pour soutenir les ventes
En 2013, le secteur pourra s’appuyer sur des marques bien installées, à l’instar de Lara Croft qui reviendra pour une nouvelle aventure à compter du mois de mars. Le cinquième épisode de la série Grand Theft Auto débarquera… cinq ans après le précédent, tandis que Blacklist, le nouvel opus de Splinter Cell, sera en rayons le 29 mars. Sur PC, dans un registre plus posé, Sim City, jeu de gestion urbaine (Maxis/Electronic Arts) lancé en 1989 et dont la dernière version date de 2004, devrait se renouveler en exploitant la technologie 3D.
Les éditeurs tenteront de rééditer le succès de Call of Duty : Black Ops 2 (Activision), un jeu de tir en vue subjective. Lancé le 13 novembre, il a généré 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires en moins de deux semaines, la barre des 500 millions de dollars de recettes ayant été franchie en moins de vingt-quatre heures. « Le volume global des ventes a même surpassé les recettes mondiales des deux plus grands succès du septième art : la série Harry Potter et la saga Star Wars », a expliqué Activision. En France, les ventes ont néanmoins rapidement chuté peu de temps après la sortie.
Les distributeurs face à la dématérialisation
Ce succès physique éclipse néanmoins le mouvement de dématérialisation qui touche le secteur. Premier distributeur français de jeux vidéo, Micromania a lancé en juin dernier à Saint-Laurent du Var un nouveau concept de magasin articulé autour de la « M Zone », un espace incitant les clients à se confronter face à un jeu. Ce principe de tournois, qui n’est pas en soi nouveau, a pour objectif d’affirmer la position de référent de l’enseigne, dont le principal concurrent, Game, a été placé, en France, en redressement judiciaire en septembre 2012.
L’attente de l’arrivée de nouvelles consoles provoque un mouvement d’attentisme chez les consommateurs, tandis qu’en 2012 les jeux en ligne et les jeux en téléchargement ont représenté, selon le SNJV, 58 % du marché mondial. Les éditeurs se diversifient pour leur part sur des activités plus techniques, à l’instar d’Ubisoft (Assassin’s Creed, Just Dance…) qui a conclu un partenariat privé-public avec l’Etat (participant à hauteur de 3,5 millions d’euros) pour développer, sur vingt-deux mois, un moteur de jeux vidéo pour un montant de 14 millions d’euros. Avant d’entrer dans le monde virtuel, l’étape réelle demeure indispensable.