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La presse économique touchée par la crise

3 min de lecture

Le cas de La Tribune s’inscrit, avec une intensité plus forte, dans la lignée des difficultés traversées par les médias d’information financière et boursière.

En proie à de grandes difficultés financières, La Tribune constitue le cas le plus fort dans le cadre de la crise traversée depuis plus de quatre ans par les titres de la presse économique, financière et patrimoniale. Le titre, désormais piloté par le groupe de presse régionale France Economie Régions et la régie Hi-Media, reprendra le chemin des kiosques le 6 avril prochain sous la forme d’un tabloïd hebdomadaire, tandis que son site Internet sera alimenté de 6 heures à 23 heures.

Créé en 1985, La Tribune a publié ce lundi son dernier quotidien imprimé, au terme d’une lente agonie. Valérie Decamp, présidente du titre après en avoir assuré la direction générale, n’a pas réussi à convaincre de nouveaux investisseurs d’apporter leur soutien à l’entreprise, qui a pourtant multiplié les projets dans les univers du numérique et de l’événementiel. Après s’être placé, début 2011, sous procédure de sauvegarde, le journal avait été placé, à la fin de l’année, en redressement judiciaire.

Cette étape douloureuse dans la vie agitée de La Tribune s’ajoute à la liste des événements affectant le secteur. Son concurrent, Les Echos, propriété du groupe LVMH depuis 2007 après la cession de La Tribune, a annoncé en décembre un plan d’économies doublé d’un plan d’investissements. Longtemps considéré comme une exception dans le paysage de la presse quotidienne nationale pour sa rentabilité et sa croissance, le titre doit s’adapter aux évolutions du marché publicitaire ainsi qu’au défi représenté par les supports digitaux.

12 à 14 milliards d’euros d’économies sont prévus, ainsi que 3 à 5 millions d’euros annuels d’investissements sur cinq ans. « Les Echos réalisent 8% de leur chiffre d’affaires dans le numérique, Le Monde et Le Figaro entre 20 et 22% et certains titres à l’étranger 35% », expliquait, lors de ces annonces, le PDG du groupe de médias, Francis Morel.

Des rapprochements et des mutations

En octobre 2010, le mensuel L’Expansion, crée en 1967, a fait l’objet de vives rumeurs concernant une possible vente par son propriétaire, Express-Roularta, qui édite également l’hebdomadaire éponyme. Le processus ayant été avorté, un projet de nouvelle formule, qui devrait voir le jour en mars prochain, a été confié à Christophe Barbier, tandis que la rédaction, amoindrie, a été rapprochée de celle de L’Express. « La masse salariale y représente 45% de son chiffre d’affaires », rappelait son nouveau manager, en novembre, dans un entretien accordé aux Echos.

Les hebdomadaires boursiers et patrimoniaux ont également souffert de la crise. La désertion de nombreux petits porteurs de la place parisienne, la réduction des volumes publicitaires et une chute des ventes ont provoqué une concentration sans précédent dans le secteur. La faillite, en 2008, de La vie financière, a constitué un véritable choc dans la profession. Sa reprise par un nouveau venu, Money Week, s’est moins bien passée que prévu : l’identité du titre, fondu dans le magazine d’origine britannique, n’a pas permis à son repreneur de s’imposer sur ce marché… Un dépôt de bilan a eu lieu en octobre dernier.

Les Echos et Le Figaro ont pour leur part opté dès février 2011 pour un mariage de raison, en fusionnant leurs titres Investir et Le Journal des finances. L’opérateur du quotidien économique assure depuis la gestion intégrale de l’hebdomadaire, en duopole avec Le Revenu de Robert Monteux.

Tous les acteurs du secteur gardent néanmoins espoir, en essayant de trouver la bonne adéquation entre leurs différents supports, comme en témoigne la mutation réussie de L’Agefi. Au bord du gouffre, ce quotidien s’adressant aux professionnels de la finance a pris le pari de remplacer sa version imprimée par un fichier PDF et un site Internet, un hebdomadaire papier complétant, en fin de semaine, l’offre éditoriale et proposant un terrain de jeu plus propice aux annonceurs.

Ce modèle est-il transposable à l’échelle d’un quotidien plus généraliste tel que La Tribune ? Réponse dans les mois à venir…

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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