A Magny-le-Hongre (Seine-et-Marne), la microbrasserie Second Degré souhaite redynamiser cette petite ville située près de Disney, et mise sur un large panel de bières.
Sur la place de l’Eglise, à Magny-le-Hongre (Seine-et-Marne), en ce samedi après-midi, le calme règne. Aux environs, quelques commerces et la halle du marché dans cette ville d’environ 9100 habitants située à 5 kilomètres de Disneyland Paris. Depuis octobre 2020, la microbrasserie Second Degré y a pris ses aises, avec une unité de production (660 hectolitres produits en 2022) et un brewpub, où sont écoulés 50% des volumes.
“Nous souhaitions redynamiser un centre-ville. En zones périurbaines, les centres-villes se meurent. Il nous semblait important que les habitants puissent redécouvrir les commerces de leur quartier. La bière est un média chaleureux qui parle à tous. De plus, nous sommes originaires des environs, et nous trouvions dommage de devoir aller jusqu’à Paris le soir pour devoir sortir. Il y a du monde, mais il n’y avait pas d’offre”, explique Ludwig Meignat, cofondateur avec Nicolas Bonniot. Le premier est issu du secteur financier et a suivi ont suivi une formation d’opérateur de brasserie à La Rochelle (Charente-Maritime); le second est ingénieur agroalimentaire. Ils ont débuté durant trois ans en tant que brasseurs amateurs.
Si la survenue du deuxième confinement, lors du lancement, les a empêché de faire vivre à plein leur projet, les deux associés ont démarré en s’adressant directement aux professionnels. Les bars et les hôtels du secteur, dans un rayon d’une dizaine de kilomètres (et même, par le biais d’un intermédiaire, au parc Walt Disney Studios), ainsi que des cavistes et épiceries fines référencent des bières de la microbrasserie. 70% de la production est conditionnée en fûts. Le local a été trouvé par la mairie de Magny-le-Hongre, après présentation du projet. “Si le bar ne fonctionnait pas, nous disposions de la surface pour étendre nos capacités de production”, souffle Ludwig Meignat. Le lieu, ouvert du lundi au samedi, remplit ses objectifs; 4 emplois ont été créés.
Trois références permanentes
La microbrasserie dispose d’un système de brassage Braumeister de 500 litres et d’un fermenteur de 1000 litres – une même référence est donc brassée deux fois. Un fermenteur de 10 hl, dédié aux bières plus houblonnées, vient d’être installée. Une encanneteuse est présente à demeure. Un matériel qui permet notamment de fabriquer trois références permanentes, parmi lesquelles la Sbeb, pour “société briarde d’élevage de bières”. Une pale ale titrant 4,5%, présentée comme la bière de soif de la maison, taillée pour le format pinte, beaucoup plus portée sur les céréales qu’une bière blonde traditionnelle, sèche, avec des notes herbacées.
Dans la Brie, on est bien A L’Est – d’où le nom de l’incroyable West coast IPA (que l’équipe préfère appeler IPA) de Second Degré. Une bière (6,5%) très houblonnée, présentant une belle amertume, qui coche sans sourciller les cases de son style. Une bière fruitée, qui offre des notes d’agrumes en fin de bouche, et se distingue par son éminent côté résineux. La Tropimo (5,5%) est, elle, résolument plus accessible. Cette “tropical pale ale”, aussi présentée comme une American oat ale grâce à l’incorporation de flocons d’avoine, est très fruitée, et ne déplaira pas non plus aux amateurs de bières amères.
Au rayon des bières éphémères, cet hiver, la microbrasserie mise sur la Tapage nocturne et la Dark tapage (6,5%). “On fait colorer la bière à froid avec du grain”, précise Ludwig Meignat en présentant la Dark… qui n’est autre qu’une bière quasi-similaire à la Double IPA originale. La bière (aux houblons Amarillo et Sabro) fait l’objet d’un double dry hopping. Au brewpub, les six becs pression alternent entre la production locale et celle de brasseries de la région, tandis que quelques bouteilles et canettes d’autres brasseries sont en vente, plus discrètement.
Un contexte tendu
Dans le contexte actuel, Ludwig Meignat et Nicolas Bonniot doivent “serrer les dents”. Leur fournisseur de malt bio (Weyermann) a relevé ses prix de 50% en un an et demi, constatent-ils. L’envolée des coûts du transport affecte aussi la microbrasserie : “nous sommes une petite structure, donc nous commandons par deux palettes, ce qui nous coûte très cher”, indique Ludwig Meignat. Pour ses livraisons, la microbrasserie bénéficie de sa faible dispersion géographique. “Pour l’instant, concernant l’énergie, nous sommes passés entre les gouttes”, ajoute-t-il. Autre source d’inquiétude, la hausse des prix du verre. L’équipe insiste sur la qualité de ses bières pour davantage pousser ses canettes. Les prix professionnels ont été relevés de 7% l’an dernier, et devraient rester stables en 2023.
Afin de continuer à “démocratiser la bière artisanale à l’échelle locale”, les dirigeants de Second Degré travaillent sur le projet d’un deuxième lieu pour la fin 2023, et sur une plus grosse brasserie pour la fin 2024. A Magny-le-Hongre, ils devraient orchestrer, en septembre prochain, la troisième édition de leur festival. Sur la place de la ville, des groupes de musique et d’autres brasseurs les rejoignent, tandis que la population est mise à contribution. La microbrasserie cofinance des plants de houblon, que les habitants font pousser dans leur jardin avant de les ramener en vue de la production d’une bière.
Avant de repartir prendre le bus qui remonte sinueusement à travers l’agglomération, on rejette un coup d’œil à la liste de bières, aussi dotée d’une pumpkin ale et d’une saison de Noël, déjà écoulée. Les sensations de l’IPA sont toujours présentes – pas de quoi être pris pour un Mickey.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.