Symbole de la désintermédiation, le crowdfunding peut constituer un relais de croissance et d’image pour les banques.
Popularisé par le financement d’artistes – le chanteur Grégoire a notamment démarré chez My Major Company, une des principales firmes du secteur – le crowdfunding (ou financement participatif) enregistre un véritable engouement. Cette forme majeure de la désintermédiation bancaire (qui consiste à se passer des leviers traditionnels de financement), ne doit néanmoins pas être ignorée par les banques, affirment Baudoin Choppin de Janvry et Haïg Dandiguian, respectivement directeur et senior consultant chez Deloitte, dans la dernière édition de la Lettre des services financiers éditée par le cabinet.
Cette forme de financement pas si nouvelle qu’il n’y paraît (les auteurs citent notamment le cas d’une souscription, en 1884, pour l’acheminement de la statue de la Liberté aux Etats-Unis) peut constituer « une réponse crédible et complémentaire » aux pratiques existantes. Avec 6 milliards de dollars levés en 2013 dans le monde et 78 millions d’euros en France, le marché est a priori alléchant ! Selon Forbes, 1000 milliards de dollars seraient levés en 2020 grâce au crowdfunding.
Des partenariats, des services ou de nouvelles plateformes
Qu’il s’agisse du don contre récompense, d’une donation, d’un prêt ou d’une participation au capital, le crowdfunding constitue une réponse séduisante aux besoins de financement entre 50.000 et 1 million d’euros. Les banques peuvent aussi nouer des partenariats avec les plateformes de financement participatif existantes ou créer leur propre service pour tenter de bénéficier de l’engouement pour cette formule, mais aussi renouer des liens privilégiés avec les jeunes entrepreneurs. La fourniture de services de paiement aux plateformes et l’appui à la sélection de dossiers (d’où la dimension essentielle du conseil) sont également des pistes à explorer.
Transparence, solidarité, partage… Les valeurs du crowdfunding sont proches de celles des banques mutualistes, rappellent Baudoin Choppin de Janvry et Haïg Dandiguian. « Les banques peuvent dès lors prendre une place centrale et apporter cette confiance si importante pour l’écosystème », ajoutent-ils. La sécurisation des processus constitue en effet l’enjeu phare du secteur.
Au-delà des bénéfices commerciaux (nouveaux clients, suivi de l’épargne), des retombées en termes d’image peuvent également bénéficier aux banques qui s’impliqueraient dans le financement participatif, ainsi que de nouveaux débouchés. Des caisses régionales du Crédit Agricole mais aussi BNP Paribas, la Banque Postale ou bien encore le Crédit coopératif – qui renforce son cœur de métier – se sont déjà penchés sur la question.
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