Rapprocher les start-up des grands groupes dans une démarche d’open innovation, tel est l’objectif de BigUp for start-up. Lancé en 2015 dans le cadre de la FrenchTech de Montpellier par deux managers du groupe La Poste en Occitanie, respectivement à la communication et au développement numérique, le projet permet aux directeurs de l’innovation de plusieurs entreprises de partir à la rencontre de bassins d’activité (accélérateurs, incubateurs…) en régions. Dix rendez-vous sont programmés cette année de février à décembre, complétés par la Guyane et, en fin d’année, la Côte d’Ivoire. Lucie Phaosady et Pierre Billet, cofondateurs, nous présentent la démarche.
Quelles sont les spécificités de BigUp for start-up ?
Pierre Billet : BigUp for start-up est un accélérateur de business innovants entre les grands groupes et les start-up. Les relations doivent se concrétiser vite et mieux en business. Il faut rapprocher les directions de l’innovation parisiennes et les start-up des territoires, qui ont souvent du mal à identifier un interlocuteur. Nous avons travaillé avec une quarantaine de grands groupes en France, et nous sommes portés par La Poste, la Caisse des Dépôts, le Crédit Agricole et Orange.
De quelle manière s’est développé le programme ?
Lucie Phaosady : nous sommes multi-territoires, et nous travaillons en amont avec la French Tech, les accélérateurs, les incubateurs… Le premier BigUp a eu lieu en mai 2015 à Montpellier. Etendu en Occitanie en 2016, il s’est décliné depuis 2017 sous forme de tour de France. Nous serons aussi en Côte d’Ivoire à la fin de l’année 2019. Les grands groupes ont des filiales en Afrique, mais les directeurs de l’innovation doivent s’y rendre.
Comment se concrétisent les collaborations entre entreprises ?
Lucie Phaosady : trois types de contrats ressortent. Le proof of concept permet de tester sur un territoire la solution de la start-up. L’achat d’une prestation déjà commercialisée par la start-up se développe aussi. C’est le cas pour La Poste avec Bear, qui propose de la réalité augmentée à partir du papier, en remplaçant une solution existante dans le groupe. Nous sommes, enfin, complémentaires des programmes déjà déployés par les grands groupes. Avec Orange, GRDF… d’autres profils d’entreprises peuvent répondre à des besoins qui ne correspondent pas forcément dans leur cœur de métier.
Existe-t-il un risque, pour les start-up, de perdre leur identité en se rapprochant de grandes entreprises ?
Pierre Billet : la démarche prédatrice ou paternaliste des grands groupes envers les start-up existe de moins en moins. Beaucoup d’entreprises travaillent avec elles sous forme de prestations de services. Le but n’est pas de prendre les têtes pensantes dans la start-up. Nous conseillons aux start-up de bien prendre en compte en amont les besoins des grands groupes. Il faut bien travailler son use case. On ne forme pas les start-up, mais les incubateurs, les clusters… font le travail au quotidien. Pour travailler avec un grand groupe, il faut déjà au moins un prototype, pas seulement un projet.