Peu de chantiers à vocation écologique figurent parmi les 1.000 projets présentés lundi dernier par le gouvernement. La relance par l’écologie semble écartée, l’Etat préférant accompagner d’autres acteurs économiques.
Avec davantage de fonds affectés aux infrastructures routières que ferroviaires, les 1.000 projets du plan de relance présenté la semaine dernière ne correspondent pas tout à fait aux objectifs fixés par le Grenelle de l’Environnement. Le Comité interministériel d’aménagement et de compétitivité des territoires, présidé par François Fillon, a notamment décidé d’accélérer la mise en chantier de trois autoroutes et de restructurer certains tronçons de routes nationales, des projets en contradiction avec la volonté affichée à l’automne dernier de limiter au maximum l’extension du réseau.
Cet épisode prouve que, même si la croissance verte fait partie des objectifs ouvertement affichés par le gouvernement – le ministre de l’Ecologie Jean-Louis Borloo s’était prononcé en faveur d’un « keynésianisme vert« , la recherche de l’intérêt environnemental ne peut totalement se plier aux contraintes économiques. Ainsi, dans le cadre de ce plan de relance, l’Etat délèguera essentiellement cette tâche aux entreprises publiques et les particuliers par le biais de dispositifs financiers et fiscaux. Ainsi, la SNCF investira 700 millions d’euros supplémentaires pour accroître son efficacité énergétique et commander de nouvelles rames de TGV, la RATP augmentera de 450 millions d’euros le budget alloué aux lignes A et 13, et une myriade d’incitations fiscales sont envisagées (prime à la casse renforcée pour les véhicules faibles émetteurs de C0², plan en direction des exploitations agricoles…). Mais aucune référence à cette potentielle relance par l’environnement ne figure dans le projet.
La difficulté d’identifier les retombées de tels investissements peut notamment expliquer cette frilosité des pouvoirs publics à promouvoir les solutions en faveur de l’environnement comme réel moyen de soutenir l’économie. « Les bénéfices ont été difficiles à évaluer, dans la mesure où un grand nombre d’entre eux constituent des externalités qui ne sont pas prises en compte dans le prix des biens et services marchands. Il est vite apparu que beaucoup d’engagements ne pouvaient pas avoir d’impact financier significatif« , expliquaient en décembre dernier les auteurs d’un rapport consacré aux retombées des projets mis en oeuvre après la première loi relative au Grenelle de l’Environnement. En outre, les emplois générés par le secteur doivent, pour la plupart d’entre eux, faire appel à une formation spécifique, ce qui réduit l’impact sur l’emploi. Seuls les projets d’infrastructures peuvent concourir, de ce point de vue, à une réelle efficacité. Le fait que les grandes entreprises publiques aient tardé à communiquer leurs nouvelles dépenses dans le domaine a également joué en défaveur de cette cause.
Mais, au-delà du plan de relance, tout n’est pas perdu quant à la possibilité de faire coexister, par le biais de l’Etat, croissance et environnement. Le concept de développement durable en témoigne. « Avec la baisse des prix du pétrole, certaines filières, telles que les voitures vertes ou les énergies renouvelables, risquent de ne plus être aussi compétitives. Pourtant il faut soutenir ces filières, car les laisser tomber serait une erreur grave« , plaide au site du Journal du Dimanche Jean-Luc Wingert, spécialiste des questions énergétiques. En outre, 19 milliards ont déjà été engagés par l’État au titre du Grenelle de l’environnement, sur trois ans. Il n’en reste pas moins que le plan présenté en grande pompe peine à associer la puissance publique à des projets concrets, ce qui irrite d’ores et déjà de nombreuses organisations écologistes.