Les prix de l’or noir ne devraient pas connaître une aussi forte variation qu’en 2009, estiment les spécialistes. La croissance de la demande émanant des pays émergents est néanmoins à prendre en compte.
Le jeu de montagnes russes continue. Après une année 2008 à double tranchant, le prix du baril de brut a enregistré une hausse de 78% en 2009, sa plus forte progression depuis dix ans. A la différence de 1999, année marquée par des baisses de production, 2009 aura été marquée par un rebond des marchés financiers et des matières premières, symbole d’une éclaircie sur l’économie mondiale.
Signe de cet optimisme, les perspectives concernant la demande mondiale de pétrole ont été revues à la hausse, tandis que la Chine poursuit sa croissance effrénée, qui passe notamment par une hausse de sa production d’or noir. Les prix, qui s’orientent vers une certaine stabilité, ne semblent pas réagir aux conséquences de l’hiver. Les sables bitumineux restent néanmoins le prochain défi des majors.
« L’année 2010 sera une année de transition entre les inquiétudes sur la demande qui ont émaillé l’année 2009 et les inquiétudes sur l’offre qui caractérisent 2011 », expliquaient récemment les analystes de Barclays Capital. Panorama des enjeux à venir.
Un début d’année relativement calme. Pas de mouvement particuliers à signaler depuis le début de l’année sur le front des cours du pétrole: en dépit de conditions climatiques pour le moins rugueuses, les prix n’ont pas entamé une course à la hausse. « Les stocks restent à des niveaux suffisamment élevés pour répondre à une hausse brutale de la demande hivernale », indique l’Opep dans son dernier rapport. Cette situation d’offre supérieure à la demande pèse sur les cours, qui semblent actuellement plafonner autour de 74 dollars le baril (WTI).
Des perspectives pour le moins clémentes. La consommation mondiale de pétrole devrait s’apprécier de 1,7% cette année, selon les derniers chiffres publiés par l’Agence internationale de l’énergie. Cette hausse, qui fait suite à un recul de 1,5% sur l’année 2009. 86,3 millions de barils devraient être consommés par jour en 2010, contre 84,9 millions l’an passé. Cette progression émane uniquement des pays hors-OCDE, l’Inde et la Chine figurant parmi les principaux demandeurs. Les inquiétudes subsistent sur la consommation au sein des pays industrialisés, au premier rang desquels les Etats-Unis.
La Chine dépendante des importations. L’empire du Milieu producteur d’or noir ! Selon le très officiel Bureau national des statistiques, la Chine a produit 189,5 millions de tonnes de pétrole brut en 2009, en retrait de 0,4% sur un an. Ce chiffre, légèrement en-deça de celui de ses importations, peine à s’améliorer, augmentant sa dépendance aux importations dans le cadre de sa consommation d’or noir. Celles-ci en représentent désormais 52%. Sa croissance, qui s’est certes tassée l’an dernier mais reste néanmoins particulièrement fulgurante, l’oblige à revoir son modèle d’approvisionnement énergétique, lequel passe notamment par un développement de l’éolien.
Les sables bitumineux comme relais de la production. L’Arabie Saoudite reste le principal gisement de pétrole (262 millions de barils estimés), mais le Canada tire également son épingle du jeu en se plaçant en seconde position (175 milliards). Cette situation devrait évoluer dans les prochaines années, les sables bitumineux (mélange de bitume brut dû à des composants tels que le pétrole brut, le sable, l’argile minérale et l’eau) étant convoités par la plupart des compagnies pétrolières. Total prévoit ainsi d’en extraire 250.000 barils par jour d’ici à dix ans, contre 8.000 actuellement. 2010 marquera une étape décisive dans les plans des majors pour traiter les sables bitumineux et obtenir les concessions les plus avantageuses.