La vie en vert (2): de la difficulté de réduire notre dépendance aux énergies renouvelables. « Si le président de l’Opep, Chakib Khelil, veut organiser une réunion d’urgence, j’y serais favorable et je pense que tout le monde le sera aussi« , déclarait la semaine dernière un ministre du Pétrole du Qatar inquiet par la chute des cours. Une réunion exceptionnelle du cartel se tiendra le 24 octobre. Les prix de l’or noir ont perdu 60 dollars depuis les records atteints en juillet, une accalmie pourtant fragile. Les raisons évoquées lors de l’envolée des cours restent toujours d’actualité, même si l’on assiste à un ralentissement de l’accroîssement de la demande et une éclipse de la question par la crise financière. Les facteurs haussiers s’avèrent bien plus nombreux que ceux tirant le marché à la baisse… au détriment des consommateurs et au bonheur des investisseurs.
Les pays émergents se convertissent aux énergies fossiles. Alors que les pays occidentaux tentent de passer aux énergies renouvelables, en particulier dans le domaine de l’automobile, les pays émergents voient leur avenir en consommant davantage d’énergies fossiles, à commencer par le pétrole. Les importations chinoise ont augmenté de 7 % en un an, et la consommation dans ce pays devrait tripler dans les dix ans à venir si l’on tient compte des réalités démographiques et économiques.
La montée des nationalismes pétroliers. « Dans les années 1970, les compagnies pétrolières internationales contrôlaient près de 75% des réserves mondiales de brut et 80% de la production. Aujourd’hui, elles contrôlent seulement 6% des réserves pétrolières et 24% de la production”, le reste étant aux mains des compagnies nationales“, expliquait au printemps dernier Paolo Scaroni, PDG du groupe italien Eni. De telles attitudes sont notamment visibles en Amérique Latine: au Vénezuela, Hugo Chavez a entrepris un programme de nationalisation depuis deux ans. Le cinquième exportateur mondial de brut, qui produit 3,09 millions de barils par jour, prend le risque de se passer d’entreprises spécialisées pour commercialiser lui-même ses ressources… Pour mieux privilégier, du moins dans les discours, la demande intérieure ?
Des alternatives pas encore assez concurrentielles. La plupart des majors estiment que la production mondiale plafonnera à 100 millions de barils en 2020. Même si les gouvernements des pays occidentaux prennent conscience du problème, les alternatives qu’ils proposent ou incitent ne suffiront pas à compenser la raréfaction du pétrole. Les biocarburants font l’objet depuis plusieurs mois maintenant d’un véritable mouvement de protestation, les cultures leur étant allouées pouvant l’être au détriment des terres destinées à l’alimenation. La crise alimentaire a mis en lumière ce déséquilibre: « la hausse des prix de l’énergie et des engrais ont contribué à une hausse de seulement 15%, tandis que les biocarburants ont contribué à une hausse de 75% sur cette période« . Par ailleurs, l’hydrogène reste au stade de l’expérimentation tandis que le GPL peine toujours à s’imposer compte tenu des problèmes de sécurité qu’il a pu soulever dans le passé.
Des coûts de production amenés à s’accroitre. Le progrès technique permet de produire plus vite, mais au détriment du futur. Le pétrole « classique » (par exemple, le brent de la mer du Nord, dont le champ est quasi épuisé) se raréfie, d’où la nécessité d’amplifier les efforts en matière de recherche et développement pour les compagnies pétrolières. Les firmes doivent pour cela revoir leurs budgets dédiés à la R&D à la hausse, et investir sur des terrains initialement peu propices à l’exploitation. La recherche de nouveaux gisements, aux emplacements plus atypiques, entraînent une hausse des coûts. Mise à jour 17/10 à 09:22 –