L’or noir semble de nouveau poursuivre sa course vers les sommets. Les compagnies pétrolières entendent profiter de ce mouvement haussier et de cet engouement.
La découverte de plus de 200 gisements de pétrole depuis le début de l’année constitue un revers pour les partisans de la théorie du « peak oil » selon laquelle, à partir d’un point qui aurait été franchi selon plusieurs sources, la production de pétrole commencerait un inexorable déclin. C’est également un des effets collatéraux de la remontée en flèche des cours du baril, qui pousse les compagnies pétrolières à redoubler d’efforts pour tirer parti de cette situation.
La nouvelle a de quoi étonner. L’or noir semblait condamné à perdre de son éclat, les sommets atteints en juillet 2008 et la crise ayant transformé les comportements des automobilistes, les carburants constituant un des principaux débouchés du pétrole: l’adoption de comportements plus responsables et le renchérissement du coût de l’énergie semblaient avoir changé la donne.
La reprise économique semble prouver le contraire: partis de 145,45 dollars le 3 juillet 2008, le prix du baril de brut WTI a dégringolé jusqu’à un point bas de 25,33 dollars le 18 décembre 2008, puis a repris son ascension pour atteindre la barre des 80 dollars ce mardi. « Ce niveau est un prix d’équilibre qui satisfait à la fois les pays producteurs, les compagnies pétrolières, tout en étant suffisamment élevé pour éviter qu’il ne soit gaspillé et pour que les réserves durent plus longtemps », explique à La Tribune le président de Bain Company Middle East, Jean-Marie Péan.
Signe d’un consensus en train de prendre forme, les opérations d’exploration-production ont de nouveau le vent en poupe. Dans l’attente de jours meilleurs, les investissements ont été quasiment gelés, faute de perspectives à court terme : à 40 dollars le baril, la rentabilité de ces projets n’était plus assurée. Des extensions de raffineries prévues aux Etats-Unis ont été suspendues. Cette période semble aujourd’hui résolue, comme le prouvent les opérations de forage en eaux profondes envisagées par le Brésil.
Ambitions
Les spectaculaires gisements mis au grand jour par la compagnie nationale brésilienne Petrobras ont poussé les ambitions du pays, qui pourrait faire son entrée dans le cercle des premiers exportateurs de pétrole avec une production attendue de 6 millions de barils par jour dans les années à venir. Longs de 800 kilomètres, les nouveaux gisements se situent à plus de 200 kilomètres de la côte. Le pétrole y est enfoui entre 5.000 et 7.000 mètres sous la terre: un défi technique de taille sera à relever.
La Chine souhaite aussi prendre part à cet élan. « Les projets dans les sables bitumineux requièrent des investissements de capitaux considérables à long terme, qui sont difficiles à obtenir sur les marchés traditionnels », a indiqué le président d’Athabasca Oil Sands, au Canada, à l’occasion de la signature d’un accord avec PetroChina. La compagnie a payé 1,9 milliard de dollars pour une participation de 60% dans la firme canadienne, signe du caractère stratégique représenté par ces entreprises.
A l’heure où l’Agence Internationale de l’Energie relève ses prévisions de demande, un problème plane au-dessus des acteurs d’un secteur qui croit en un redémarrage solide de la croissance mondiale: le niveau élevé du chômage… et ses conséquences collatérales sur la consommation.