« Dans le secteur de l’énergie, nous faisons face à un choc externe que ni la BCE, ni l’Union européenne, ni les États membres ne peuvent influencer« , a expliqué mardi à Bruxelles le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück. Mais, derrière ce constat partagé par la totalité des Etats membres, des divisions se sont faites sentir, signe de potentielles tensions autour des remèdes à apporter afin de résoudre la question du pétrole cher.
« L’Allemagne est opposée à des mesures fiscales à court terme qui empêcheraient l’économie de s’adapter aux prix élevés du pétrole« , a d’emblée indiqué Peer Steinbrück, tel un écho à la proposition émise le mois dernier par Nicolas Sarkozy de plafonner à l’échelle européenne la TVA sur le pétrole à un certain niveau. « Étant donné que la France a déjà quelques problèmes pour maintenir son budget en ordre, le fait de réduire les impôts ne va pas nécessairement rendre la chose plus facile pour elle« , avait même asséné son homologue néerlandais Wouter Bos, posant habilement la question des déficits publics.
Mardi, Bruxelles a acté la publication hebdomadaire des stocks de pétrole, une mesure réclamée par la France afin d’oeuvrer en faveur de davantage de transparence sur les marchés pétroliers. Elle pourra cependant pas s’appliquer avant octobre pour des raisons techniques. Une enveloppe de 600 millions d’euros a par ailleurs été débloquée à l’attention du secteur de la pêche, affecté par la hausse des prix du gazole. Les pêcheurs les plus touchés devraient en profiter les premiers.
D’autres propositions restent en suspens mais pourraient faire l’objet d’un examen, parmi lesquelles l’instauration d’un tarif social de l’énergie. « Un tarif social couvrant les besoins de base en énergie serait une bonne solution« , plaidait dimanche dernier président José Manuel Barroso dans un quotidien allemand. L’Autriche penche quant à elle pour un impôt sur les mouvements spéculatifs, et l’Italie pour une taxation des profits engendrés par les compagnies pétrolières. A défaut d’avoir été concrètement débattues, ces idées apparaissent néanmoins comme de potentiels nouveaux points d’accrochages. En France, après une concertation avec le ministère de l’Economie, Total a de nouveau accepté, il y a plusieurs semaines, de participer à la prime à la cuve.