Vue sur les toits de Paris, cadre chaleureux, décoration soignée : l’Hôtel du Sentier a du potentiel à révéler.
Une petite place ombragée. Les enfants qui passent dans la salle de restaurant, prête à accueillir ses clients. Les propriétaires habitent dans le quartier. Une cave à vins qui se dessine au fond du passage du Caire (2ème arrondissement). Il y a comme un air de famille en poussant les portes de l’Hôtel du Sentier, ouvert de chaque côté du plus long, du plus étroit et du plus ancien passage couvert de Paris.
Depuis le 12 janvier, Charlotte et Samuel Castro, pourvus de trois personnes, font découvrir les 30 chambres lovées dans un immeuble du 2ème arrondissement, avec des spécificités déjà connues des amoureux du bien-vivre : sept chambres incluant la salle de bain dans la même pièce (une contrainte architecturale devenue un élément de différenciation), et deux chambres disposant de terrasses en rooftop.
L’hôtel, quatre étoiles, a ouvert malgré un contexte difficile – il était impossible d’attendre davantage, faute de pouvoir accéder aux aides accordées à l’hôtellerie-restauration. “Nous devons payer le loyer, mais les réservations sont en montagnes russes, passant de 5 à 25 chambres complètes en moins d’une journée, ou inversement. Nous faisons attention à nos dépenses. Nous avons néanmoins lancé l’offre room service, qui plaît déjà aux clients, grâce à l’attention que nous portons à la cuisine”, indique Charlotte Castro. Au menu : oeufs mayonnaise, croque-monsieur (déjà des best-sellers), lentilles en salade, soupe du jour, omelette, risotto de pépinettes à la truffe, salade de fruits, riz au lait, ou encore brioche perdue.
D’un café à un hôtel
Charlotte et Samuel Castro, qui prônent un concept “d’aubergisme”, avec un accueil simple mais tout le confort d’un hôtel quatre étoiles, n’en sont pas à leur coup d’essai. Avant de se lancer dans l’hôtellerie, ils avaient repris en 2011 un café, rue René Boulanger (10ème arrondissement de Paris), depuis revendu, et avaient créé en 2014 un café-restaurant, dans le même arrondissement, avant de s’associer à un couple d’amis pour ouvrir, à quelques pas, cour des Petites Ecuries, un restaurant bistronomique. A l’occasion de leur emménagement dans le Sentier, ils étaient informés avant tout le monde du potentiel de l’immeuble de la rue du Caire (qui était abandonné) et ont tenu durant un an et demi son café, Le Champollion, avant de transformer le bâtiment en hôtel.
Une décennie d’aventure entrepreneuriale menée tambour battant. Charlotte Castro, comédienne de formation, a découvert la restauration parallèlement à ses études. “Plutôt que le service militaire, tout le monde devrait être serveur !, estime-t-elle. Cependant, lorsque l’on devient patron, on n’a plus de vie.” Son mari, qu’elle a rencontré en 2004, est neurologue. Urgentiste à La Pitié-Salpétrière, il effectue aujourd’hui des gardes en tant que médecin chez les pompiers. Ils ont quatre enfants.
L’esprit des appartements parisiens
A la réception, l’aspect brut des murs communique avec, en regard, le comptoir conçu dans l’esprit d’un café de quartier. La cuisine, en granit, est ouverte sur le passage couvert, ce qui permettra de faire de la vente à emporter et de montrer qu’il existe une activité à cet emplacement.
“Je voulais que l’endroit puisse nous ressembler”, précise Charlotte Castro avant d’entamer la visite des chambres, réparties sur six étages. Les néo-hôteliers n’ont pas eu recours à un décorateur. Du marbre a été acheté auprès d’une entreprise en liquidation. Le recours au site Leboncoin est assumé. “Nous devions retrouver l’esprit des appartements parisiens”, poursuit la manager. La directrice artistique Alizée Freudenthal et l’architecte Vincent Bastie ont apporté leur concours au projet.
“Depuis mars 2020, nous n’avons pas eu de cadeau”, observe Charlotte Castro. Il ne manque plus que la conjoncture s’améliore afin que l’Hôtel du Sentier, loin des vastes couloirs impersonnels des grands hôtels, puisse dévoiler tout son potentiel.
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