Pour Henri Beringer, directeur général de Quintiq France, éditeur de logiciels de pilotage de la supply chain, les chaînes d’approvisionnement, si elles sont bien organisées, peuvent constituer un atout pour l’efficacité des entreprises.
TRIBUNE D’ENTREPRENEUR. La France est reconnue pour l’excellence de ses ingénieurs et de ses chercheurs. C’est une chance pour nos entreprises car les sciences sont au cœur de la performance industrielle : elles permettent de concevoir non seulement des produits et procédés de fabrication innovants, mais aussi une supply chain efficace. En effet, modéliser la « supply chain » pour mieux l’optimiser et la piloter est une activité d’ingénieur passionnante touchant aux enjeux clefs des industriels.
En France, l’ingénierie de la supply chain a longtemps été négligée, peut-être parce que perçue comme pas assez formelle. Or, c’est une discipline riche et passionnante à différents points de vue. Elle met en œuvre des modèles mathématiques et des algorithmes de « recherche opérationnelle » ambitieux et en constante évolution. Il s’agit d’une discipline de l’organisation industrielle en environnement complexe, qui consolide les meilleures pratiques du monde entier.
Par ailleurs, les ressources humaines sont au cœur de l’efficacité de la supply chain. Il s’agit de leur donner les moyens nécessaires et des outils faciles à adopter qui, loin de les remplacer, les aident à prendre rapidement de bonnes décisions. Enfin, l’outil informatique est la clef de voûte de cette discipline. Idéalement capable de s’adapter aux spécificités de chaque organisation et d’en suivre l’évolution, l’outil informatique facilite la mise en place de nouvelles « bonnes pratiques » de planification et de nouveaux processus de décision en accord avec les objectifs stratégiques de l’entreprise.
Cinq défis majeurs à relever
Une bonne ingénierie des processus et des outils de planification innovants permettent de relever plusieurs défis.
Rester réactif face à l’évolution du marché : dans une économie où la demande est de plus en plus changeante, pour des produits de plus en plus personnalisés, c’est une véritable gageure de proposer les bons produits au bon endroit, au bon moment et au meilleur coût. Cela nécessite de planifier et d’optimiser la supply chain dans son ensemble (approvisionnement, production et livraison) au sein de l’entreprise, mais aussi en amont et en aval.
Disposer d’une vision globale : aujourd’hui, pour de très nombreux acteurs industriels ou de la distribution, posséder une vision transversale et transparente de l’ensemble de la supply chain est vital. En effet, sans cette vision, les arbitrages sont rarement optimaux : par exemple, optimiser les coûts de production peut entraîner une augmentation des niveaux de stock ou des coûts de transport. Trouver le point d’équilibre optimal consiste à résoudre un problème mathématique complexe.
Assurer une bonne coopération entre tous les acteurs : améliorer l’efficacité de la supply chain nécessite une collaboration inhabituelle entre les différentes fonctions clés de l’entreprise (achat, production, logistique, commercial et marketing) et aussi avec les fournisseurs, les clients et les sous-traitants. Ces divers acteurs doivent accéder aux informations à jour qui les concernent. Par exemple, il est regrettable qu’un responsable des expéditions s’applique à optimiser une tournée de livraison avec une commande que la production vient de reporter.
Mesurer pour mieux décider : chaque décision a des impacts directs et indirects difficiles à anticiper. Chacun doit être informé des conséquences de ses choix sur les performances globales de l’entreprise et sur l’efficacité des autres départements. Pour reprendre l’exemple ci-dessus, le responsable de production aurait pu décaler une autre commande dont la livraison était prévue plus tard.
Maîtriser la complexité pour mieux gérer la supply chain : cela ne va pas de soi. Il faut décentraliser et présenter à chaque acteur local l’information pertinente et à jour, tout en assurant une cohérence globale des décisions. Il faut également alléger la tâche de planification par des traitements automatiques en temps réel : vérification des contraintes, levées d’alertes, comparaison de scénarios, exploration d’alternatives…
En conclusion, pour maitriser la supply chain, véritable vecteur de croissance des entreprises, il faut résoudre des puzzles complexes à plusieurs dimensions, comprendre les besoins propres à chaque activité et les modéliser finement, connaître et propager instantanément les conséquences des décisions, et surtout, rapprocher les objectifs contradictoires de multiples acteurs internes et externes à l’entreprise.
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