Des voix s’élèvent pour demander davantage de régulation du secteur.
La révélation par Europol, lundi 4 février, d’un réseau de corruption susceptible d’avoir agi sur 680 rencontres – présumées – de football constitue un nouvel élément de mise en cause des paris sportifs, dont la libéralisation s’est effectuée de manière progressive en Europe (la France a ouvert son marché en juin 2010, avant de l’étendre au poker trois mois plus tard). 425 personnes (joueurs, arbitres, dirigeants de clubs…) ont été identifiées lors de l’enquête, nommée Veto, conduite entre juillet 2011 et janvier 2013.
« C’est un triste jour pour le football européen », a déclaré le directeur d’Europol Rob Wainwright, tandis que Friedlhem Althans, enquêteur en chef de la police de Bochum (Allemagne), a indiqué que être en possession de preuves pour 150 de ces cas, et que « les opérations ont été menées de Singapour avec des pots de vin allant jusqu’à 100.000 euros versés par match ».
La question de l’influence des paris sportifs sur le cours des matchs, une nouvelle fois posée, suscite, suite à l’ampleur prise par cette affaire, de nombreuses réactions, parmi lesquelles celles de joueurs. Le défenseur de l’OM Souleymane Diawara pense ainsi qu’il « serait mieux de supprimer les paris sportifs, notamment sur les matchs de football », tandis que le sélectionneur de l’équipe de France, Didier Deschamps, a mis en cause le développement des nouvelles technologies et l’augmentation du risque de tricherie lié à la possibilité de parier « sur tout et n’importe quoi ».
Vigilance à tous les étages
En France, où le football est l’objet de 59 % des mises engagées, l’Autorité des jeux en ligne (Arjel), créée lors de l’ouverture du marché à la concurrence, a mis en place un système d’agréments pour contrôler les acteurs. Pour repérer les paris suspects, chaque site est pourvu d’un système de contrôle interne, tandis que l’Arjel dispose de sa propre brigade d’inspecteurs. Le ministère de l’Intérieur est par ailleurs doté d’un service « Courses et jeux ».
La Française des Jeux, qui possède un monopole sur le circuit physique et dont les activités numériques sont particulièrement développées, emploie dix inspecteurs et assure saisir, en cas de mouvement suspect, les autorités compétentes. L’application « Parions sports » de la Française des jeux fait partie intégrante de l’affaire dite « Karabatic », relative aux suspicions portant sur le match de handball opposant le 12 mai dernier Cesson à Montpellier. L’opérateur indique avoir donné l’alerte immédiatement.
Ironie du sort, Nicola Karabatic était sous contrat avec Betclic, autre opérateur de paris en ligne, qui a suspendu ses apparitions dans ses spots publicitaires. L’affaire des matchs de football supposés truqués sera suivie de près par les entreprises du secteur, qui comptent conserver la confiance des parieurs et éviter tout problème pouvant entacher leur image.