Face au manque de succès de l’investissement socialement responsable (ISR), une société de gestion promeut un nouveau concept.
Dans sa dernière lettre, la société de gestion La Française met en avant un nouveau concept pour prendre le relais de l’investissement socialement responsable, qui « reste très loin du statut mainstream que ses promoteurs ambitionnent ». Elisabeth Cassagnes, responsable Développement durable chez La Française, revient sur les enjeux de l’approche SAI (Stratégies Avancées d’Investissement) qu’elle défend afin d’impulser un renouveau en matière de gestion responsable.
Quelles raisons expliquent, selon vous, le manque de succès rencontré par l’investissement socialement responsable (ISR) ?
Il faut distinguer le manque de succès auprès du grand public et des institutionnels. Pour les premiers, c’est le manque de clarté des pratiques qui est souvent mis en avant, mais nous ajoutons à cet argument le défaut d’objectifs durables clairs et concrets pour les épargnants, rendant l’explication de l’ISR comme une « boîte noire » supplémentaire. De leur côté, les institutionnels sont plutôt proactifs et conscients que les nouveaux enjeux économiques imposent de regarder l’analyse financière (macro et micro) autrement.
D’après vous, comment remédier à ce problème ?
Nous considérons que la chaine de valeurs durables se doit d’être analysée dans son ensemble et, pour les entreprises, il s’agit bien de la RSE et de sa matérialité au-delà des simples facteurs financiers traditionnels. Nous pensons qu’il est nécessaire de replacer l’entreprise (mais aussi les collectivités, l’Etat…) dans son secteur, dans son territoire et dans son écosystème global. Ainsi, l’ISR prendra tout son sens de développent économique durable, au-delà de la critériologie sélective.
En quoi consiste le concept SAI (Strategically Aware Investing), que vous proposez comme alternative ?
Notre partenaire IPCM (Inflection Point Capital Management) a développé depuis 2009 la « stratégie avancée d’investissement », ou Strategically Aware Investing, pour justement ne plus analyser les entreprises sur leur passé, mais sur des facteurs fondamentaux de développement que sont l’innovation – capacité à offrir des produits innovants, de les mettre sur le marché – et l’adaptabilité des entreprises (qui peut se traduire par l’existence de systèmes de mesure de performance extra-financière, par exemple) dans un contexte économique mais aussi démographique, climatique et énergétique en perpétuelle évolution.