Metro continue sur sa lancée avec un nouveau millésime de son accélérateur de start-ups.
Après avoir débuté auprès des acteurs de l’hôtellerie-restauration, le groupe allemand Metro a décliné en 2017 un second programme dédié aux acteurs de la vente au détail et du commerce, il a sélectionné de nouveaux projets en 2018. Il s’appuie pour cela sur sa structure dédiée au numérique et à l’innovation, HoReCa Digital. Sabine Flechet, director du fonds Innovation chez HoReCa Digital et Boris Minialai, Global director Retail chez Metro, nous en présentent le fonctionnement.
Pourriez-vous nous présenter HoReCa Digital ?
Sabine Flechet- HoReCa Digital est la structure de Metro mise en place pour soutenir la digitalisation de la gastronomie, de la restauration, de l’hôtellerie et du retail. Notre objectif est de proposer des solutions et outils numériques aux petites et moyennes entreprises indépendantes de la restauration et de l’hôtellerie, en passant par les petits commerces de proximité, pour leur permettre d’être plus performants, plus innovants, tant au niveau croissance que profitabilité. L’initiative a commencé en 2015 avec le premier accélérateur dédié aux acteurs de l’hôtellerie-restauration.
De quelle manière procédez-vous ?
Sabine Flechet – HoReCa Digital est à la fois un fonds d’amorçage pour des startups «jeunes pousses», un fonds d’investissement et de capital risque pour des sociétés qui ont atteint un stade plus avancé de leur développement, et une structure commerciale qui initie des partenariats commerciaux avec nos startups et le groupe Metro. Nous mettons en avant des startups auprès de la clientèle Metro afin de générer pour le compte de jeunes pousses des opportunités commerciales qualifiées. Pour ce faire nous utilisons les canaux de distribution et des entrepôts du groupe. Nous pouvons également tester ces solutions au sein du groupe dans les départements tels que les achats, la logistique, la chaine d’approvisionnement, etc. D’autre part, Metro ayant également un réseau d’hypermarchés en Allemagne (Real) et de petits commerces indépendants en Europe centrale, nous initions également des partenariats B2C avec ce type de structures (commerces de proximité, épiceries fines, etc.). Notre accélérateur va également dans cette direction. En partenariat avec Techstars (retail d’avril à juin et hôtellerie-restauration de septembre à décembre), nous proposons 3 mois d’incubation à Berlin à 10 start-ups, sélectionnés sur plus de 400-500 candidatures. Pour le Retail, leurs innovations vont de l’amont (logistique) à l’aval (livraison, click and collect…)
Comment se déroule la sélection des start-up pour l’accélérateur ?
Boris Minialai – Le programme commence avant les trois mois, avec la sélection des entreprises. Les éléments clef de la sélection reposent sur la dynamique d’équipe des fondateurs et sur leur business model. D’une part, la startup étant à un stade relativement récent de son développement, nous comptons plus sur la pérennité de l’équipe que celle de son produit : il est plus difficile de pivoter une équipe fondatrice qu’un produit. C’est pourquoi la capacité d’écoute de l’entrepreneur est importante. D’autre part, la startup doit être au moins au stade d’un produit minimum viable, donc un produit qui a été testé, piloté, et relativement proche de la commercialisation.
Quel est le programme sur place ?
Sabine Flechet – Le premier mois, nous décortiquons et faisons évoluer le produit, en utilisant l’expérience sectorielle et fonctionnelle de nos mentors et experts, qui viennent de notre réseau et de celui de Techstars. Nous identifions ce qui ne va pas et ce qui a besoin d’être remis à plat et questionné. La force de notre réseau est d’avoir des experts et mentors issus de plusieurs secteurs et fonctions au sein de l’entreprise. Le deuxième mois, nous testons le modèle établi avec des pilotes au sein de Metro, real,- et de nos partenaires corporate (e.g. Procter & Gamble). Nous récupérons le feedback client et nous l’incorporons dans les prochaines itérations du produit ou de la solution.
Boris Minialai – Lorsqu’on renverse le business model, les éléments ont complètement changé. Il faut remettre à plat l’expansion, identifier la capacité de décliner le modèle à une échelle globale… Le troisième mois fait place à la préparation à la levée de fonds. Ce ne sont plus des fonds d’amorçage, mais des fonds plus conséquents de série A que les startups doivent convaincre : nous développons avec eux l’equity story, le business plan, le reporting et les KPIs. On affine le discours. A la clôture de l’accélérateur, chaque start-up présente sa société devant un grand nombre d’investisseurs, business angels, family offices et fonds de capital-risque que nous invitons, c’est le « demo day ». Post-programme, chaque start-up poursuit les pilotes entamés pendant les phases de tests, certains se transformerons en relations contractuelles. Puis nous les aidons pour leurs prochaines levées de fonds.
Comment s’effectuent les ventes des produits des start-up ?
Boris Minialai – Nous avons mené trois programmes sur l’hôtellerie-restauration, notre core business en France et en Allemagne. Il y a une offre pléthorique, les restaurateurs ne savent pas à qui s’adresser. Nous avons décidé de mettre en place une force de vente directe dédiée, au sein d’HoReCa Digital, avec cinq villes pilotes en Europe. Nous disposons d’un réseau de 500 restaurateurs partenaires pour tester ces solutions. Sur le Retail, cette structure n’est pas encore en place. En revanche, nous sommes présents sur 35 pays avec un grand nombre d’entrepôts et de magasins, des millions de clients, chez qui nous pouvons tester beaucoup de nouvelles innovations. Dans huit pays d’Europe centrale, nous avons des accords de partenariat avec des supermarchés et commerces de proximité. De grands groupes comme Procter & Gamble, Walmart, Cartier … nous accompagnent également. Tout cela est un terrain très fertile pour les partenariats commerciaux de nos startups et l’accélération de leur croissance.