Accusés de profiter de la flambée des matières premières agricoles afin de faire passer des hausses de tarifs à priori injustifiées, les industriels ont tenté de se défendre, en vain aux yeux de l’opinion. « La part des matières premières dans le coût de revient est faible dans certains produits alimentaires sophistiqués; même des augmentations de 30 à 40 % ne se répercutent qu’à hauteur de 3 à 4%« , indique au quotidien belge L’Echo le docteur et chercheur en économie Emmanuel Martin. Les firmes agroalimentaires mettent donc en avant la R&D pour essayer de se justifier. “Le blé dur, base quasi exclusive des pâtes alimentaires, connaît une situation préoccupante sans précédent depuis plus de vingt ans. Son prix a subi une augmentation de 40 % en l’espace de quelques semaines ce qui se traduira par une forte augmentation du prix des pâtes“, rappelle le Syndicat des industriels fabricants de pâtes alimentaires de France. Cela n’empêche cependant pas de développer des nouveautés telles que des pâtes enrichies en compléments nutritionnels ou vitamines, comme le prouve Panzani avec sa nouvelle gamme Plus. Les arguments santé sont en effet de plus en plus utilisés afin de pouvoir séduire les consommateurs.
Afin d’éviter de devoir trop compresser leurs marges, les firmes se fixent comme principal objectif d’anticiper un maximum les variations des cours. Ainsi, de nombreux contrats sont passés à l’avance et sur des périodes déterminées, afind e se prémunir contre de trop fortes et subites hausses. « Les analystes ont vu arriver la hausse des prix, ils ont répercuté le coût des matières premières sur les prix 12 mois avant les autres« , poursuit Chris Moris, directeur de la Fédération des entreprises alimentaires belges. Les distributeurs expliquent pour leur part que les coûts fixes représentent jusqu’à 2/3 de leurs coûts de l’inflation, et que leur marge de manoeuvre est donc limitée. Les coups médiatiques ne sont cependant pas interdits: ainsi, Carrefour s’engage à prendre en charge la TVA sur de nombreux produits jusqu’à la fin de l’année.