La machine à vapeur développée par Watt et Boulton a eu, au-delà de ses aspects techniques, des conséquences entrepreneuriales.
La machine à vapeur découle d’un long processus technique qui a contribué pour partie à la révolution industrielle connue par la Grande-Bretagne au XVIIIème siècle. « Sur la décennie 1790-1800, 61% des inventions portent non plus sur les produits mais sur des procédés permettant d’intensifier la production », rappelait en 1969 l’historien américain David Landes dans L’Europe technicienne ou le Prométhée libéré. L’industrie textile est révélatrice de cette évolution : si les premières machines ne donnaient guère satisfaction par rapport au travail manuel, celles-ci se sont techniquement améliorées et se sont imposées au moyen d’arguments économiques.
La notion d’entreprise est fortement corrélée à celle de révolution industrielle, notamment en termes d’usages par le biais d’acquisitions de matériels. Les firmes ont aussi connu des changements, comme en témoigne le modèle économique développé par Watt et Boulton : la création d’un écosystème en est la preuve la plus forte, tout comme le renforcement de la place accordée au dessin industriel.
Watt est entré en contact avec Boulton. Celui-ci a eu l’idée d’inventer une forme nouvelle d’industrie, en réseau : jamais la société de Watt et Boulton n’a fabriqué de machines. Celle-ci vendait une forme de « droit à l’usage » ou de « licences » en contrepartie d’un droit annuel calculé par rapport aux économies réalisées. La sous-traitance était de mise, le paiement pouvant dans certains cas s’effectuer directement auprès de ces firmes. Les plans ainsi que la procédure de montage étaient fournis par Watt et Boulton, la réalisation de la chaudière et de certaines pièces étant à la charge du client, qui pouvait faire appel à un industriel.
Le fait de s’associer était novateur. Les clock-makers étaient au centre du mode de fonctionnement mis en place. Ce réseau d’installateurs a proposé des joint-ventures aux industriels : une industrie ad-hoc était au cœur de ce système. La firme de Watt et Boulton a, dans cet esprit engendré l’apparition d’un nouveau type d’industries, « multi-métiers ». La précision des pièces et la nécessité de coordination sont au centre de ce modèle.
La circulation des connaissances a également constitué un important pilier de la stratégie déployée par Watt et Boulton. Leur stratégie commerciale était fondée sur la vente les pièces des plus difficiles à fabriquer, comme le cylindre, qui exige une certaine précision et sur lequel ils ont éprouvé des difficultés. Ils tiraient la majeure partie de leurs revenus de la vente de brevets de certaines pièces, et de plans très détaillés.Le modèle économique mis en oeuvre pour la commercialisation de la machine à vapeur était particulièrement novateur et a facilité son expansion commerciale.