De récentes publications relèvent le manque d’investissements et les tensions à venir dans le secteur pétrolier. Les facteurs d’une nouvelle flambée des cours apparaissent.
La demande d’or noir retrouvera-t-elle son niveau d’avant-crise ? La question posée par l’Organisation internationale des pays exportateurs de pétrole est plus que jamais d’actualité. « Une reprise économique potentiellement faible et des cours plus élevés sont les deux principaux facteurs qui pourraient entraver la demande pétrolière mondiale dans l’année à venir », estime le cartel, qui vient toutefois de relever à la hausse ses prévisions pour l’an prochain. L’Agence internationale de l’énergie table pour sa part sur des prix moyens de 60 dollars en 2010, sur fond de contexte économique hésitant.
Les deux organisations relèvent les signes de la reprise, mais les mettent en regard de tensions existantes – comportements modifiés, commerce international grippé, émergence des modèles hybrides, pouvoir d’achat restreint. Si les cours étaient amenés à croître, la demande reculerait de plus de 1% au sein de la zone OCDE, a expliqué l’Opep. La demande de ces pays prévue pour 2010 (45,7 millions de barils par jour) est équivalente à son niveau de l’année 1996. La mise en place d’une fiscalité écologique (dont la Contribution climat-énergie, ou taxe carbone, en France) ne contribuera pas à améliorer la situation.
Malgré ces nombreux paramètres, les prix sont inexorablement amenés à augmenter, estiment de nombreux spécialistes. Au-delà des facteurs invoqués habituellement (réserves amenées à se tarir inexorablement, demande galopante des pays émergents, nationalismes pétroliers), un critère jusqu’alors relativement peu évoqué, l’investissement, revient sur le devant de la scène. Le recul actuel de la demande conduit les majors pétrolières à freiner leurs projets en matière de renouvellement et de rénovation de leurs infrastructures, les taux de non-utilisation étant particulièrement forts. Une attitude qui menace la reprise.
« La chute des investissements est une mauvaise nouvelle, car lorsque la demande de pétrole va redémarrer avec la reprise économique, faute de production, il risque d’y avoir une très forte montée du prix du baril, qui en retour, fragilisera la reprise », explique au Figaro Fatih Birol, économiste en chef de l’Agence internationale de l’énergie. De nombreuses opérations ont été gelées, autant dans les raffineries qu’en matière d’exploration-production. Les débouchés sont encore pourtant nombreux, comme le prouve la découverte de nouveaux gisements très prometteurs au large du Brésil.
Aux niveaux actuels, aux alentours de 70 et 80 dollars le baril, un certain équilibre semble s’être formé entre le niveau supportable par les consommateurs et celui acceptable par les compagnies pétrolières pour investir. La brutale envolée des prix au cours du premier semestre 2008 avait mis en exergue la propension des automobilistes à modifier, même à la marge, leur comportement; et la frilosité des majors à poursuivre de coûteux programmes. Une nouvelle hausse qui se déroulerait de manière soudaine constituerait le meilleur moyen de pénaliser davantage la consommation et les échanges internationaux.