« Nous voulons parvenir à une liste noire des paradis fiscaux, officielle, partagée par la communauté internationale, d’ici l’été ou la fin du printemps 2009. Nous avons demandé à l’OCDE de compléter, de réactualiser, de totalement faire le ménage sur la liste. (…) Nous avons évoqué un certain nombre de pays, les Bahamas, les Iles Caïmans, les Iles Vierges britanniques, Samoa, des centres financiers offshore comme Singapour, a expliqué le ministre du Budget Eric Woerth à la sortie d’une réunion initiée avec son homologue allemand Peer Steinbrück.
En cette période de crise au cours de laquelle les Etats mettent la main à la poche, la lutte contre ces zones financières semble plus que jamais d’actualité: « une banque française qui bénéficie du soutien national devra être totalement claire sur ses relations avec les paradis fiscaux« , a ajouté M. Woerth. « On ne peut pas résoudre la crise financière en introduisant plus de régulation et laisser dans le même temps prospérer des poches de non-régulation. On ne peut bâtir un système financier sain si on ne résorbe pas les poches d’opacité« , souligne aux Echos Pascal Saint-Amans, responsable de la lutte contre les paradis fiscaux à l’OCDE.
L’Allemagne entend jouer un rôle majeur dans cette traque. « L’opinion publique allemande a été très choquée d’apprendre en février 2008 que de nombreux ressortissants fortunés aient dissimulé leur argent au Lichtenstein« , indique la correspondante à Berlin de France 24 Anne Maillet. Le ministre allemand des Finances s’en est pris à la Suisse, située au coeur de l’Europe. « La Suisse devrait être sur la liste noire et non sur la liste verte. Je ne remets pas en cause la souveraineté de la Suisse ou du Liechtenstein. C’est la souveraineté de la République fédérale d’Allemagne qui est mise à mal par les conditions offertes par certains pays« , a-t-il lancé.
L’Organisation de coopération et de développement économiques devra mettre au point une nouvelle liste des paradis fiscaux, qui sera débattue lors d’un nouveau sommet au printemps 2009. Avec ces informations supplémentaires, il devrait être plus aisé de viser certains Etats en particulier. La fraude fiscale serait à l’origine d’un manque à gagner de 100 milliards de dollars par an pour les seuls Etats-Unis. L’ONG Transparency International France estime pour sa part que 10 000 milliards de dollars, soit quatre fois le Produit intérieur brut de la France, seraient cachés sur des comptes secrets qui échappent à toute taxation.