Vent de panique à la Bourse de Paris: le CAC 40 a chuté ce lundi de 6,83%. C’est la plus importante baisse en une seule séance pour l’indice parisien depuis le 11 septembre 2001. Le repli s’est même porté à 7% dans le courant de l’après-midi, confirmant les craintes d’une récession aux Etats-Unis.
Le plan Bush présenté vendredi dernier afin de soutenir l’économie peine à convaincre les investisseurs. Les entreprises devraient par ailleurs bénéficier de réductions fiscales pour leurs investissements effectués cette année. Les dépenses prévues pour la mise en oeuvre de ces mesures devraient avoisiner les 145 miliards de dollars. Malgré ces mesurs estimées à 1% du PIB, les marchés apparaissent comme sceptiques: les baisses d’impôts pourraient davantage être allouées au remboursement des crédits en cours qu’à la consommation, et une série de publications d’indicateurs macroéconomiques mauvais a provoqué l’inquiétude. « Il semble que les marchés envisagent la possibilité d’un ralentissement plus prononcé, peut-être même une récession » de la croissance américaine, a indiqué Joaquin Almunia, commissaire européen aux affaires économiques et monétaires. J’espère qu’ils vont aussi prêter attention aux informations sur l’économie réelle, en particulier en Europe, et qu’ils vont retrouver leur calme ». Par ailleurs, en France, les difficultés rencontrées par Richelieu Finance, confirmant l’annonce prochaine d’un rattachement à un grand groupe, a fait peser un doute sur les valeurs moyennes.
La Bourse de Bombay perdait 7,41% à la clôture, le plus fort repli jamais enregistré par cette place; la Bourse de Tokyo chutait de 3,86 % à la clôture, Shanghaï de 5,14 %. Les investisseurs ont également été plongés dans l’incertitude du fait d’une interruption des côtations américaines en raison d’un jour férié. A Francfort, le Dax a perdu 7,16 %, tandis qu’à Madrid, l’indice Ibex-35 reculait de 7,54 % lors de la clôture.
En France, quelles raisons de s’inquiéter ?
La part de nos exportations aux Etats-Unis s’avère certes faible, mais une contagion des problèmes économiques rencontrés par les Etats-Unis à la France pourrait survenir par le biais des banques, qui sont toutes présentes outre-Atlantiques et ont dû faire face à la crise financière survenue cet été. Une banque en difficulté prête plus difficilement, ce qui pourrait provoquer des répercussions sur les investissements et la consommation. Ces données provoquent égalent des incertitudes dans le secteur immobilier. En parallèle, des inquiétudes liées à l’inflation subsistent. L’inflation, qui s’élève à 2,6% sur un an, pourrait rester “bien au-dessus de 2 % durant la majeure partie de l’année, avec un pic autour de 3 % durant le premier trimestre, poussée par les tensions sur le prix des matières premières et des effets de base défavorables“, expliquait le 16 janvier dernier Mathieu Kaiser, économiste chez BNP Paribas.
La marge de manoeuvre du gouvernement apparaît comme limitée. Si le ralentissement de la croissance s’avèrait trop fort, le déficit risquerait de plonger au-delà du seuil autorisé par l’UE. Malgré les prévisions d’importantes institutions, Christine Lagarde persiste à prévoir une hausse du PIB de 2 à 2,5% en 2008. Les effets de la loi Travail, emploi et pouvoir d’achat votée au début de l’été sont les derniers arguments sur lequel le gouvernement peut s’appuyer pour tenter de prouver la pertinence de sa politique en matière d’économie.