Un nouveau record a été franchi ce mardi soir concernant le baril de brut, le WTI côté à New York: 100,10 dollars. Le précédent record datait du 3 janvier. Ce soir, c’est une première en termes de clôture: l’or noir a terminé la séance au-dessus de la barre des 100 dollars (100,01 dollars). Ce mercredi 20 janvier, un nouveau record historique est battu, à 100,40 dollars. De plus, « les futures sur le pétrole brut léger américain ont franchi jeudi la barre des 101 dollars le baril« , selon Reuters. Le Brent de la mer du Nord a atteint pour sa part 98,51 dollars, également un record. En pleines craintes d’une récession de l’économie américaine, la nouvelle s’avère malvenue, ses conséquences pouvant s’avérer préjudiciables. L’actualité immédiate a précipité cette hausse pour le moins inattendue – on avait assisté depuis un mois à une accalmie sur les marchés. Le conflit américano-vénézuelien et les déclaration du président de l’Opep, decidé à n’augmenter en aucun cas la production, ont mis le feu aux poudres pour provoquer cette nouvelle embellie des cours.
En complément de ces facteurs immédiats, Problématiques.fr a identifié plusieurs variables à même de faire grimper les cours autant du baril de brut que du Brent, côté pour sa part à Londres. Deux grands types de pétrole font office de référence sur les marchés. Le brut, côté à New York sous l’appellation de West Texas Intermediate, est extrait des gisements et n’est pas raffiné lors de sa cotation. Les bruts les plus recherchés, donc aux prix les plus élevés, sont les plus légers. Le Brent est quant à lui le pétrole de référence en Europe et en Afrique. Le gisement éponyme de la mer du Nord est devenu un mélange de bruts côté sur le marché à terme londonien.
Le billet vert en accusation
Comme le démontre ce graphique réalisé par les journalistes du quotidien économique belge L’Echo, la corrélation entre les cours du dollar et ceux du pétrole, sur le WTI et le Brent comme exposé ci-dessus, ne cesse de progresser depuis 2005. « Je suis de ceux qui pensent que la faiblesse du dollar explique la hausse du brut. Alors que les stocks de l’OCDE augmentent, que la demande est revue à la baisse, que la production de l’Opep augmente et que la saison des ouragans est relativement clémente, c’est le dollar qui semble bien être la principale explication« , analyse Anatol Feygin, responsable de la stratégie matières premières de Bank of America.
Les banques centrales des pays exportateurs de pétrole gèrent différemment leurs réserves de changes depuis quelques années, et ne souhaitent plus détenir uniquement du dollar. Une partie des contrats pétroliers, libellés en dollars, est revendue pour acheter de l’euro et du yen, ce qui exerce une pression sur la devise américaine. Parallèlement à cette corrélation, le marché « craint les conséquences d’une possible intervention militaire de la Turquie contre les rebelles du Parti des travailleurs kurdes (PKK) réfugiés en Irak, de l’autre côté de la frontière« , indique l’AFP. Le transport des hydrocarbures est à relier à ce problème: les détroits surchargés de pétroliers doivent faire l’objet d’une surveillance accrue afin de protéger l’or noir. 40 millions de barils de pétrole transitent quotidiennement les océans.
Les réactions du marché en question
« Ce serait trop simpliste de dire que c’est l’OPEP qui fixe les prix. Ceux-ci sont en réalité le résultat d’une interaction entre l’annonce d’une quantité de production fixée par l’OPEP et l’interprétation que le marché fait de cette annonce. Si le marché estime que les quotas ne sont pas respectés par les pays membres et que l’annonce n’a aucune valeur, la déclaration de l’OPEP n’aura pas d’impact sur les prix. […] Chaque fait, petit ou grand, provoque sa litanie de supputations : les traders se préoccupent non pas d’avoir une interprétation correcte des faits, mais d’anticiper l’interprétation que vont en avoir les autres acteurs du marché !« , expliquait en décembre 2002 au Monde Robert Malbro, à la tête de l’Oxford Institute for Energy Studies. La crise du subprime est aussi à ajouter à la longue liste de paramètres pouvant expliquer cette flambée des cours du pétrole. Après des prises de bénéfices, certains investisseurs se sont rabattus sur les marchés des matières premières.
L’Opep pointée du doigt
Christophe de Margerie, PDG de Total, pointe pour sa part le manque de volonté des pays producteurs. Il s’exprimait début septembre au Financial Times: « Le monde a changé. Il y a la volonté pour un certain nombre de pays de garder leurs réserves pour le long terme. Ils gagnent suffisamment d’argent avec leur production, et ils sentent qu’il est bon pour leur peuple de conserver leurs réserves pour l’avenir… Ils ne veulent pas les exploiter trop vite« . L’Opep ne juge pas utile de relever sa production de brut.
Les réserves de pétrole sont variables du fait de trois raisons: économiques, techniques et politiques. Les compagnies pétrolières ne déclenchent la production d’un gisement uniquement si l’opération s’avère rentable. Les projets ne sont donc déclenchés uniquement dès lors que le prix du baril est élevé: la période actuelle est propice à l’investissement dans ce type d’exploitations. De plus, les profils de production établis à partir de modèles peuvent cacher des « bonnes » ou « mauvaises » surprises pour les compagnies pétrolières. Pour calculer les réserves d’un pays ou celles détenues par un exploitant pétrolier, on retire des réserves les quantités qui ont été produites pendant l’année, on y ajoute les volumes découverts dans le cadre de l’exploration, et on y ajoute ou retire les révisions de réserves des gisements en production. La demande mondiale va continuer de croître dans les pays émergents dans les années à venir. De plus, dans certaines zones telles que le Moyen-Orient ou la Chine, la demande devraît croître trois fois plus vite que dans la zone OCDE.