Économie

À 119,90 dollars, le baril de brut poursuit sa course effrenée vers les sommets

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On pourrait presque proposer un article quotidien sur l’or noir vu la situation. Le baril de light sweet crude pour livraison en mai, dont la côtation se terminait aujourd’hui, a atteint lors de sa séance new-yorkaise les 119,90 dollars, avant de redescendre à 119,37 USD. Le prix du baril affiche donc une hausse de 86% sur un an, une ascension fulgurante poussée par des facteurs immédiats et d’autres plus profonds. Au rang des causes instantanées pouvant expliquer les records atteints aujourd’hui, l’attaque de deux oléoducs au Nigéria. Les conducteurs, appartenant à Shell, sont entravés de telle manière de la perte de production est estimée à 169.000 barils par jour. Egalement en ligne de mire, l’inexorable chute du dollar, qui est parvenu à 1,6019 USD pour 1 euro. Cette relation s’explique par le fait que les banques centrales des pays exportateurs de pétrole gèrent différemment leurs réserves de changes depuis quelques années, et ne souhaitent plus détenir uniquement du dollar. Une partie des contrats pétroliers, libellés en dollars, est revendue pour acheter de l’euro et du yen, ce qui exerce une pression sur la devise américaine.

« En début d’année, nous avions estimé que le prix du pétrole allait retomber en 2008 et avancions les 80 dollars comme prix moyen. Face à l’évolution de l’environnement des marchés pétroliers, nous sommes en train de revoir nettement à la hausse ce prix« , indique à l’AFP Antoine Halff, stratège chez le courtier Newedge Group. Les déclarations des membres de l’Opep ne sont pas en faveur d’un apaisement de la tendance: « Aujourd’hui, il n’y a aucune raison de s’agiter et de dire ‘nous allons mettre plus de pétrole sur le marché’ car les demandes des pays consommateurs sont probablement motivées par des raisons politiques plutôt que par un besoin fondamental« , a notamment indiqué Ali al-Nouaïmi, ministre saoudien du Pétrole. Le cartel « n’a pas besoin d’augmenter sa production dans l’immédiat« , a renchéri pour sa part le ministre algérien de l’Energie et président de l’entente Chakib Khelil. « Toute hausse de la production serait sans incidence sur les prix car il y a un équilibre entre l’offre et la demande. Nous avons augmenté la production l’an dernier, et les prix ont continué leur hausse« , a-t-il ajouté.

En dépit d’un ralentissement de la croissance américaine, le baril continue à grimper, soutenu par la demande en provenance des pays émergents. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), leurs 2,5 milliards d’habitants vont consommer en 2008 20,67 millions de barils chaque jour (+ 4,4 %) pour faire tourner voitures, climatiseurs et usines, alors que les 300 millions d’Américains n’en brûleront que 20,38 millions (- 2,2 %). L’ancien directeur exécutifde l’Agence, Claude Mandil, explique au Monde.fr comment le dialogue entre consommateurs et producteurs pourrait être amélioré: « Qu’ils acceptent de dire qu’ils ne veulent pas produire plus. Et que les pays consommateurs acceptent de dire qu’ils veulent réduire leur consommation en raison du réchauffement climatique. Il y aurait là matière à un débat plus franc« . Toujours est-il que la flambée actuelle affecte sérieusement les compagnies aériennes, le kérosène étant le plus cher des produits distillés. Ce dernières n’hésitent pas à répercuter la hausse sur les passagers, dans des proportions différentes: là où Air France joue la classique carte de la surcharge carburant en fixant le seuil de baisse à 100 dollars, Continental Airlines prendrait le risque, sur certains vols, de réduire le volume de combustible théoriquement rempli – une information révélée dans l’Hexagone par Le Figaro.

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