Les objectifs ambitieux de la Commission européenne ne seront pas atteints dans les délais prévus. Les différentes politiques menées de manière individuelle par les Etats membres ralentissent l’essor des énergies renouvelables à l’échelle de l’Union.
En présentant, fin avril, le premier budget incluant des objectifs chiffrés de réduction des gaz à effets de serre, le Royaume-Uni a notamment cherché à restaurer son blason en matière d’environnement : le renouvelable n’y représente que 2 % de la consommation totale d’énergie. S’il ne respecte pas ses objectifs, le gouvernement pourra être poursuivi en justice, même si aucune sanction n’a été prévue. Une baisse de 34 % des émissions de CO2 est prévue pour 2020, par rapport au niveau de 1990 : les chiffres sont ambitieux et témoignent d’une volonté de rattrapage de la part du gouvernement britannique. L’octroi de 1,4 milliard de livres de subventions pour des projets d’ordre écologique sur la période 2009/2010 est aussi à signaler.
Cette forte prise d’initiative de la part du Royaume-Uni permet de mettre en exergue les comportements européens en matière de protection de l’environnement. Les actions les plus visibles émanent de la Commission européenne, qui s’était fixé des objectifs ambitieux, à savoir produire, en 2020, 21 % de l’électricité européenne au moyen d’énergies renouvelables, et intégrer 5,75 % de carburants d’origine agricole dans les différents moyens de transports. Mais ces buts ne pourront être atteints à temps. « Ce résultat, que nous avions prévu au fil des années, ne peut pas être attribué à la crise financière. Il s’explique essentiellement par l’absence d’anticipation de certains pays de l’Union pour développer leurs capacités de production d’énergies renouvelables », indiquent les auteurs d’un rapport d’EurObserver, qui juge sévèrement les politiques menées dans ce domaine.
Des politiques divergentes
Importations comprises, c’est la Suède qui affiche les meilleurs résultats en matière de présence des énergies renouvelables, avec 50 % de la production et 29,5 % de la consommation totale. Elle a très peu recours aux énergies fossiles, le domaine des transports faisant encore office d’exception. Une politique volontariste a été menée depuis de nombreuses années, l’idée de base étant de se passer totalement de pétrole d’ici quinze ans ! A Stockholm, tous les bus fonctionnent au bioéthanol, une pratique qui, si elle était étendue à tous les véhicules de l’Union sur la base de 10% d’éthanol pour 90% d’essence, ferait considérablement chuter les émissions de gaz à effets de serre.
En France, les énergies renouvelables contribuent à 13,5 % de la production d’énergie, le nucléaire occupant l’écrasante majorité (85 %). Le saupoudrage de mesures sectorielles s’effectue au détriment d’une politique globale. Certes, l’électricité produite à partir d’éoliennes peut être revendue à EDF, et la majoration du tarif de rachat de l’électricité solaire incitent les entreprises et les particuliers à se pencher sur ces matériels, avec une flopée d’aides, mais ces dispositifs financiers et fiscaux s’effectuent de façon hermétique, l’Etat et les collectivités prenant des initiatives individuelles. Certaines d’entre elles vont même jusqu’à devenir productrices d’électricité ! Selon les projections, la France pourrait disposer d’une puissance de 17.000 mégawatts d’ici 2015 pour l’éolien, contre 3.000 à l’heure actuelle.
L’Autriche, avec l’hydraulique, et le Portugal sont pour leur part salués pour leur engagement envers les énergies renouvelables. L’Italie, l’Espagne et l’Allemagne sont pour leur part pointés du doigt pour la faiblesse de leurs investissements. En dépit de ces politiques divergentes, l’Europe maintient ces objectifs : une amélioration de 20 % de l’efficacité énergétique, et une baisse de 20 % de ses émissions de gaz à effet de serre en 2020.