« Au mois de mai, le cours du pétrole de la mer du Nord (Brent) a continué de croître, atteignant 123,2 $ le baril en moyenne (+12,5 % par rapport au mois d’avril). En euros, le prix moyen du baril (79,2 €) a progressé davantage (+13,9 %), du fait de la dépréciation de la monnaie européenne vis-à-vis du dollar », explique l’Insee dans un document publié ce jeudi. Ces informations confirment une situation décriée depuis plusieurs semaines par les représentants de nombreux secteurs d’activités: les cours du pétrole, tant à New York (brut, où il a atteint plus de 138 dollars vendredi) qu’à Londres (référence pour l’Europe) flambent.
Face à ce quasi-troisième choc pétrolier, les leaders mondiaux tentent de contenir les abcès de colère qui surgissent ici et là et d’examiner les solutions les plus adéquates, entre primes, subventions et éventuelle taxation des compagnies pétrolières. Ce week-end, les ministres des Finances du G8 se retrouveront à Osaka; la semaine prochaine, un sommet européen se tiendra à Bruxelles et l’Arabie Saoudite initiera le dialogue entre producteurs et consommateurs le 22 juin prochain. Les occasions de proposer des solutions sont donc légion.
Les entrepreneurs ne sauraient patienter jusqu’à ces réunions pour se faire entendre. Depuis plusieurs jours, des blocages paralysent la frontière franco-espagnole sous l’impulsion de routiers. La distribution de produits pétroliers, frais et automobiles est paralysée. Une journée d’action organisée par trois syndicats se profile pour le 16 juin. L’exonération de la taxe professionnelle sur les véhicules roulants et une prime incitative à l’achat de véhicules plus respectueux des normes anti-pollution font partie des revendications de l’Unostra, organisation patronale des transporteurs routiers.
Les agriculteurs font eux aussi leurs comptes. Selon l’Insee, la facture énergétique des exploitations agricoles aurait bondi de 32% entre avril 2007 et avril 2008. « Nous devons sortir de la logique des aides ponctuelles pour faire face à la flambée du pétrole », explique la FNSEA, soucieuse de voir se mettre en oeuvre un plan d’action sur le long terme. Le syndicat agricole rappelle que « la hausse de la facture énergétique est durable« . D’autant plus que les agriculteurs ne doivent pas seulement faire face à une hausse du prix de l’or noir pour les machines: la hausse des matières premières agricoles et de l’engrais se rêvèlent tout aussi douloureux pour les exploitants.
« Il faut aller plus loin que la seule logique de la compensation et s’engager dans une politique d’investissement qui permettra de réduire les consommations d’énergie des entreprises agricoles et de promouvoir la production d’énergies renouvelables par les entreprises agricoles, pour leur propre consommation et l’approvisionnement des réseaux », a indiqué le ministre de l’Agriculture Michel Barnier, lors du congrès des Jeunes Agriculteurs.
Afin de pouvoir faire face à cette crise, la Commission européenne a décidé d’autoriser le déclenchement de mesures nationales visant à « atténuer les effets à court terme sur certains groupes de population plus vulnérables, en prenant garde à ce que ces mesures soient temporaires, qu’elles ne faussent pas la concurrence et qu’elles n’empêchent pas l’ajustement à terme à ce niveau de prix plus élevé ». Pour l’heure, c’est ce mécanisme d’aides ponctuelles qui semble le plus simple à mettre en oeuvre. Ce matin, La Tribune détaille trois propositions plus hypothétiques: casser la spéculation en réformant le marché, augmenter l’offre – ce à quoi ce refuse l’Opep -, et réduire la demande par le biais du progrès technique.