Les notions de richesses et d’inégalité se rattachent à différents indicateurs, dont la portée et la pertinence diffèrent. La question de leur mesure trouve notamment sa pertinence au sein de l’analyse des échanges Nord-Sud.
Toute société se fixe pour objectif d’améliorer constamment la croissance économique afin d’améliorer les conditions de vie et enrichir la population. La croissance doit permettre de réduire les inégalités, pour contribuer à renforcer la cohésion sociale. Cette volonté n’est que partiellement comblée, les inégalités étant nombreuses et pas seulement économiques.
Les inégalités sont plurielles: en effet, elles ne se limitent pas à des différences de salaires, revenus et de patrimoine. Elles sont aussi sociales et culturelles. Les inégalités sont donc des différences entre des groupes sociaux qui sont socialement perçues comme illégitimes ou injustes. Pour les partisans du processus de mondialisation, l’intégration au sein de l’économie mondiale permet de réduire la fracture entre nations pauvres et riches; pour les autres, il produit une concentration des richesses entre les mains des Etats les plus puissants. Le développement économique reste néanmoins une condition indispensable à l’amélioration du bien-être de la population. Sur la scène commerciale mondiale, il est possible d’observer la capacité des Etats à répondre aux demandes émanant des autres marchés.
Exception faite des pays d’Asie qui réussissent à tirer leur épingle du jeu, les pays en développement ont vu leur poids se réduire dans le cadre du commerce international. Les moyens dont disposent les gouvernants pour contribuer à l’amélioration du niveau de vie de leur population sont donc très disparates. Les flux financiers font office de miroir: en 1998, les pays de la Triade (Japon, Etats-Unis, Europe) représentaient 92% de la capitalisation boursière mondiale.
Le développement apparaît donc plus incertain dans certaines zones du globe. Pour mettre en évidence toutes les facettes du développement, le PNUD a crée l’IDH, l’indicateur de développement humain. Compris entre 0 et 1, il a pour objectif de présenter trois aspects du développement économique et social d’un pays: l’espérance de vie à la naissance, le degré d’éducation, mesuré par le biais du taux d’alphabêtisation des adultes et le nombre moyen d’années d’études), et le PIB par habitant (en parité de pouvoir d’achat). Benoît Ferrandon présente à ce titre l’exemple de trois pays à situations différentes: le Qatar a un revenu par tête supérieur à l’Espagne, mais un IDH inférieur à celui de la Lituanie. De plus, la richesse matérielle apparaît comme un indicateur incontournable des inégalités au sein d’un Etat. Le PIB par habitant se révèle mieux correspondre à cette volonté de pertinence, comme le prouvre l’exemple de la Chine, second Etat du monde selon son PIB national mais bien derrière selon le premier indicateur.
Un autre indicateur à utiliser dans le cadre de la mesure des inégalités pourrait être la courbe de Lorenz. Elle permet de savoir si la répartition des revenus , du patrimoine et des terres est égalitaire ou non: elle rend possible une représentation des inégalités et de la répartition de la richesse parmi une population donnée. Le sociologue Louis Chauvel a pour sa part présenté ses travaux sous forme de strobiloïde. « L’observation du seul revenu ne permet pas de repérer des catégories fragilisées, cumulant des handicaps nombreux, handicaps que le revenu ne permet pas nécessairement de pallier. Le revenu à lui seul ne suffit pas non plus à définir la puissance sociale de certains individus ou familles dans l’organisation sociale« , rappelle-t-il.
La mesure des inégalités peut donc être effectuée au moyen d’indicateurs qui se complètent. Cependant, des imperfections persistent, en raison du manque d’homogénéisation des données au plan mondial, de l’impossiblité de mesurer certaines inégalités, et des insuffisances statistiques de certains Etats.