De nouveaux programmes destinés aux jeunes sans emploi ni formation voient le jour. Originalité, ils s’appuient sur les jeux vidéo, pour parvenir à capter leur cible.
Aller chercher les jeunes sans emploi ni formation directement dans les jeux vidéo, tel est le pari de “Monte 2 niveau. révèle tes talents”. “Nous devons nous adresser à un public de 16 à 30 ans”, décrit Frédéric Bardeau, président et cofondateur de l’école Simplon, dédiée à la formation dans le numérique et chef de file d’un consortium crée pour l’occasion avec onze autres partenaires, dont des associations, l’éditeur Ubisoft ou l’École IA by Microsoft. Des lieux dédiés à l’e-sport ont aussi été embarqués dans le programme, présenté officiellement mi-novembre, lors de la reprise, après trois ans d’absence, du salon spécialisé Paris Games Week.
Le Plan d’investissement dans les compétences, piloté par le ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion, vise à former 2 millions de demandeurs d’emploi peu ou pas qualifiés et de jeunes éloignés du marché du travail. Un appel à projets spécifiquement dédié aux “maraudes numériques” avait ainsi été lancé courant 2021, permettant l’éclosion de Monte2Niveau. La Banque des Territoires contribue à son financement. 10% de personnes en situation de handicap doivent, aussi, être ciblées.
Pour parvenir à toucher un public éloigné de la sphère institutionnelle, proposition a donc été faite, conformément aux souhaits exprimés dans l’appel d’offres, de miser sur l’e-sport et le gaming pour prendre contact. Une agence éditoriale accompagne l’opération. “Nous effectuons ensuite un embarquement progressif, avec des actions différentes qu’une formation de longue durée”, décrit Frédéric Bardeau. Des tournois et des workshops organisés en ligne, ainsi que des visites physiques de studios de jeux vidéo, sont ainsi programmés sur une période de 18 mois. Les missions locales, Pôle emploi et des associations de terrain avaient préalablement été mis dans la boucle.
Testeur de jeux vidéo, test de repêchage
Une initiative qui s’inscrit également dans le sillage du succès de la filière française du jeu vidéo. En Ile-de-France, on compte 500 entreprises, parmi lesquelles une majorité de structures de 10 à 20 salariés et quelques firmes de plus grande taille comme Ubisoft, recense Capital Games, l’association qui fédère les professionnels du secteur autour de Paris. “Ces dernières années, il y a eu un gros phénomène de concentration, mais la France est un pays très reconnu pour sa production”, fait remarquer Hélène Dellay, directrice générale, sur un stand Jeux made in France déployé depuis 2014.
“Il y a une pénurie de compétences”, regrette Hélène Dellay. A l’instar du programme Monte2Niveau, la formation “Avenir en jeu”, lancée par Capital Games et l’Ecole de la deuxième chance, permet à des jeunes hors du champ scolaire de bénéficier d’un accompagnement. Il prend ici la forme d’un programme de sept mois, incluant une formation au métier de testeur de jeux vidéo. Prérequis : maîtriser l’anglais, et être à l’aise avec le numérique. Ces futurs professionnels seront le dernier maillon de la chaîne avant la sortie d’un jeu. “Il faut les accrocher”, indique Hélène Dellay. Sur la première promotion de 30 personnes, trois ont déjà décroché.
“La Paris Games Week donne un coup de projecteur à nos métiers”, ajoute la manager. Des interventions dans les collèges et les lycées sont prévues pour faire connaître les métiers d’un univers que l’on ne connaît trop souvent que par écran interposé.
Photo de couverture : Unsplash/Florian Olivo