ÉconomieEntreprisesManagement

«Les jeunes actifs veulent multiplier les missions, tout en restant salariés»

3 min de lecture
Jeunes actifs en coworking

D’après une étude réalisée pour le cabinet d’outplacement Genius, 78% des actifs des secteurs du digital, du marketing et de la communication ayant répondu ont, au moins une fois, changé d’emploi durant leur carrière. L’entreprise, créée début 2017, met à disposition des personnes pour des durées de 3 à 36 mois. Son directeur général, Josselin Martin, répond aux questions de Business & Marchés.

Pourquoi les actifs de la communication, du marketing et du digital sont-ils aussi prompts à changer de poste ?

Josselin Martin – Pour ceux que nous rencontrons chez Genius, qu’ils soient candidats ou déjà talents, on se rend compte en premier lieu qu’il ne s’agit pas tant de changer de poste, mais davantage de missions. Intégrer une nouvelle entreprise ou une nouvelle équipe pour une mission est pour eux un gage de reconnaissance de leur expertise métier. Cela leur permet d’apporter aux équipes qu’ils viennent renforcer et épauler, une forte valeur ajoutée, concrète et immédiate. Parallèlement, le talent est aussi en recherche de nouveaux terrains de jeu desquels il va pouvoir apprendre pour construire son parcours professionnel et renforcer ses expertises. En ce sens, travailler dans différentes entreprises lui apporte de nouvelles méthodes de travail, de nouvelles cultures et un réseau.

De quelle manière les employeurs peuvent-ils suivre la course aux rémunérations dans un contexte économique tendu ?

Au travers des entretiens que nous avons chaque jour avec les candidats, on se rend compte que si la rémunération reste un facteur clé de changement, le développement de leurs compétences est très demandé. Ces perceptions se confirment par les résultats de l’étude BVA-Genius que nous avons menée en mai 2018 où à la question «Quelles sont les principales motivations au changement d’emploi», la rémunération arrive en première place (21%) et le développement des compétences en deuxième position (16%). Concrètement, je pense donc que la course à la rémunération n’est pas le bon combat à mener, ou en tout état de cause pas le seul. Les actifs, jeunes ou moins jeunes d’ailleurs, attendent aussi d’autres choses comme l’accès à la formation, la possibilité de travailler différemment ou encore un environnement de travail qui leur convienne. Tous ces avantages sont donc à valoriser pour une entreprise qui les mettrait en place, ce qui est notre cas chez Genius. Ils entrent clairement dans la balance au moment des choix des candidats de nous rejoindre.

Comment le consulting et l’outplacement sont-ils traditionnellement perçus dans la communication, le marketing et le digital?

Tant chez les actifs qu’au sein des entreprises de plus de 50 salariés, cela est réellement perçue comme une tendance de fond amenée à se développer. D’ailleurs, l’étude BVA-Genius montre que 8 actifs sur 10 exerçant un emploi dans la communication, le marketing ou le digital estiment que ce fonctionnement en mode mission est amené à se développer à l’avenir dans leurs secteurs. Plusieurs bénéfices sont perçus par ces actifs. La diversité, d’une part : des missions mais aussi des entreprises avec lesquelles collaborer. D’autre part, l’expérience : l’acquisition de nouvelles compétences et davantage d’autonomie au quotidien. Enfin, la sécurité, en conservant le statut de salarié. Côté entreprises, près de 70% de celles interrogées ont déjà recours à l’outplacement ou vont y faire appel, et 9 sur 10 estiment que c’est une bonne chose pour elles. Les principaux bénéfices évoqués sont la flexibilité et la transmission des savoirs auprès des équipes internes.

Comment observez-vous le désir grandissant de davantage de liberté exprimé par les jeunes générations envers les employeurs?

On peut observer aux cours de nos entretiens chez Genius deux choses distinctes. La première, c’est que les jeunes générations sont très en demande de mobilité. Cela se matérialise par la volonté de découvrir de nouvelles entreprises en France, mais aussi à l’étranger sans aucune appréhension. Ces jeunes générations ont une vraie soif d’expériences, plurielles et variées. La deuxième chose, c’est la faculté qu’ont les jeunes générations à mettre d’eux-mêmes fin à un contrat avec leur employeur. Si l’emploi ou la mission ne leur plaisent pas, ils n’hésitent pas à le dire ! Ils croient davantage en leur capacité à rebondir et à leur aptitude face au changement (entreprise, mission, poste) à l’inverse des générations précédentes. L’essor du digital ou encore la valorisation de l’entreprenariat n’y sont pas étrangers, car ils génèrent de nouvelles opportunités pour chaque actif. Pouvoir changer de mission régulièrement, en étant formé en continu et en créant de la valeur, le tout avec un CDI, c’est selon nous la bonne formule pour répondre aux attentes des jeunes générations.

2896 articles

A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
Articles
A lire également
La sélection de la rédaction

FOOD — Comment Maggi met ses célèbres nouilles à l'heure asiatique

Maggi lance une vaste gamme de produits asiatiques, ciblant aussi bien la consommation nomade que la cuisine à domicile. Plusieurs recettes phares ont été déclinées par la marque, spécifiquement pour le marché français.
EntreprisesIndustrie

Lionel Jadot : “dans l’hôtellerie, les gens n’ont plus envie d’ostentation”

Dans le cadre de ses initiatives autour du secteur de l’hospitalité, le salon professionnel Maison & Objet a décerné, en septembre 2024, son prix du designer de l’année à Lionel Jadot.
ÉconomieEntreprisesServices

«L'hôtel Martinez est en pleine renaissance», observe son directeur général, Michel Cottray

Nouvelle offre de restauration et de bars, fréquentation du premier semestre, recrutements saisonniers plus simples : focus sur l’actualité de l’hôtel Martinez, à Cannes, avec son directeur général, Michel Cottray.

Recevez nos prochains articles par e-mail

Abonnez-vous à notre newsletter