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Italie : escarmouches sur la dégradation de la note

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Le patronat italien réclame des mesures d’urgence de la part du gouvernement, qui s’appuie sur un plan d’austérité remis en doute par la décision de S&P.

 » L’incertitude des marchés reste élevée, la demande intérieure faible, les investissements réduits à une peau de chagrin, et la consommation est partie en marche arrière «  :  la présidente de la Confédération générale de l’industrie italienne, Emma Marcegaglia, dresse un constat pour le moins sombre de l’économie, dans un entretien accordé au Nouvel Observateur.  Elle exhorte le gouvernement italien à administrer « une thérapie de choc » à son pays… tout comme l’agence de notation Standard and Poor’s qui, après s’être illustrée en dégradant brutalement la note affublée à la dette américaine, vient de récidiver avec l’Italie.

Sous perspective négative depuis le mois de mai, le pays se retrouve de nouveau sous le feu des projecteurs. Pour S&P, la fragilité du climat politique et le faible taux de croissance justifient cette décision, qui n’a pas été suivie par ses concurrents. « Il y a maintenant trois crans d’écart entre les notes de Moody’s et Standard & Poor’s, ce qui est énorme », constate Norbert Gaillard, économiste, dans Le Figaro. Au-delà de ces différences d’appréciation, la situation économique de l’Italie est de nature à interpeller.

Le produit intérieur brut n’a progressé que de 0,1% au premier trimestre, contre 0,8% pour l’ensemble de la zone euro. La fin de l’année 2010 a notamment été marquée par une lente baisse de l’indicateur, en quasi-stagnation depuis janvier dernier. Les mauvais chiffres du chômage caractérisent également la situation. « L’Italie est une des économies avancées les moins performantes. Le produit intérieur brut par habitant est même plus bas qu’en 2000 », soulignaient récemment les économistes de Société Générale CIB.

Austérité et politique

Le dernier plan de rigueur adopté sous l’égide de Silvio Berlusconi, impliqué dans de multiples affaires en justice, peine par ailleurs à convaincre. D’un montant de 54,2 millions d’euros, voté suite à d’intenses pressions politiques, il a pour objectif l’atteinte de l’équilibre budgétaire en 2013  et la réduction de la dette, qui s’élève à hauteur de 120% du PIB. La Banque centrale européenne a même été contrainte d’intervenir pour apaiser les marchés ! Selon deux puissants syndicats, « la crise sera payée par ceux qui l’ont provoquée »

Une menace pour les prochaines échéances électorales. Le chef du gouvernement italien s’est d’emblée élevé, ce mardi, contre la décision de S&P. « Les appréciations de Standard & Poor’s semblent davantage dictées par des histoires parues dans les journaux que par la réalité et elles semblent avoir été négativement influencées par des considérations politiques », a-t-il dénoncé dans un communiqué. Pour l’agence de notation, les perspectives économiques et budgétaires de l’Italie, ainsi que les hypothèses relatives à l’évolution de la dette, ont été prises en compte.

Si la perspective d’un défaut, fréquemment évoquée dans le cas de la Grèce, ne fait pas rage dans le cas de l’Italie, ce scénario doit, selon Corrado Passera, administrateur délégué d’Intesa Sanpaolo, première banque de détail du pays, être surveillé avec la plus grande attention. Il a néanmoins tenu à termpérer son propos, en ajoutant que l’Italie était « trop importante pour faire faillite », une formule qui n’est pas sans rappeler, dans un contexte bien différent, la faillite de Lehman Brothers en 2008.  Les conséquences de cette dégradation sur le secteur bancaire, dont l’exposition à la dette italienne fait débat, seront également à suivre.

Pour le candidat à la primaire du Parti Socialiste Manuel Valls, il n’est toutefois pas question de comparer le cas italien à celui de la Grèce: « le niveau de la dette de la Grèce par rapport à la dette de l’Italie ou de la France permet une action », a-t-il estimé, évoquant l’idée d’un effacement de la dette grecque. Une piste battue en brêche par le Premier ministre François Fillon, pour qui cela signifierait « des pertes pour tous les pays qui ont prêté à la Grèce ».

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A propos de l'auteur
Journaliste dans la presse professionnelle, j'édite Business & Marchés à titre personnel depuis 2007.
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