Les journalistes n’ont plus la main mise sur les contenus. Avec le Web 2.0, les internautes peuvent désormais produire leurs propres contenus. En ce qui concerne les technologies, l’avènement et la démocratisation du haut débit ont permis de développer un certain nombre de services, parmi lesquels la technique du podcasting ou baladodiffusion: votre émission de radio favorite est disponible à l’écoute pendant toute une semaine, téléchargeable sur votre baladeur numérique. A l’heure où les fournisseurs d’accès se doivent d’assurer un service optimal à leurs abonnés (comme en témoignent les déboires de Noos-Numéricable), chacun peut créer des contenus ou en télécharger. En quelques colonnes, Ce qui fait débat dresse le panorama d’un paysage de l’internet profondément remodelé depuis quelques années.
Rendez-vous sur MySpace ou sur mon blog
Comme indiqué en séquence techno de ce numéro, les blogs ont pris une importance digne du plus grand des phénomènes en l’espace de quelques mois. 150 millions d’internautes possèdent une page sur MySpace, un site communautaire racheté par Rupert Murdoch à l’été 2005. L’originalité du service réside dans le principe de cooptation: chacun peut faire découvrir la page d’un autre, et cela gratuitement. C’est la musique qui a fait décoller MySpace, par le biais d’une fonction de vitrine virtuelle. Certaines stars en vogue actuellement se sont ainsi faites connaître en diffusant quelques compositions sur leur page. Il en va de même pour un certain nombre de cinéastes amateurs, qui déposent leurs courts-métrages. Les Artic Monkeys et Lilly Allen sont passés par là.
L’autre face du Web 2.0 hormis les blogs (en page 10), c’est l’explosion des contenus produits par les internautes, dont les vidéos et l’encylopédie collaborative Wikipédia. L’Américain Jimmy Wales, quarante ans, a lancé le projet Wikipédia en 2001. Créer une encyclopédie gratuite, ouverte à tous et collaborative: sept ans plus tard, le projet est un succès. La facilité et la rapidité – «Wiki», en hawaïen – de modifier les pages ont convaincu les internautes et Wales, qui a souhaité structurer l’aventure. Six salariés officient en Floride pour le compte de Wikimédia, une fondation à but non lucratif. Les serveurs sont passés entre 2001 et 2007 de trois à 350, chacun payés 4000 dollars pièce. Le budget ne cesse de croître, passant de 50000 dollars en 2004 à 7 millions cette année.
La Française Françoise Devouard, présidente de la fondation, indique qu’il faudra trouver 1,5 milliard de dollars avant juin pour faire face à la montée en puissance du site. Les bénévoles sont nombreux, chaque article étant propre à sa langue. Des systèmes de modération permettent de réguler le fonctionnement du site. Si chacun peut apporter ses connaissances dans un domaine, il le fait gracieusement et dans le respect des droits d’auteur. Et les internautes désireux d’asseoir leur soif de connaissances devraient trouver leur bonheur, le taux d’erreur étant relativement faible comparé à celui de l’encyclopédie Britannica (une quarantaine de plus, selon Nature sur cinquante articles scientifiques en 2005).
Un autre engouement sur le Net est celui suscité par les vidéos en ligne. YouTube et Dailymotion sont principaux acteurs de ce marché qui doit néanmoins se trouver un modèle économique viable. 1,6 million de dollars, c’est la somme déboursée par Google pour racheter YouTube, première plateforme de vidéos en ligne (100 millions de vidéos disponibles). Plusieurs centaines d’informaticiens de Google planchent actuellement sur de nouveaux algorithmes capables de créer une indexation des vidéos en ligne sur le site. Les pionniers et les leaders tentent donc de surfer sur le phénomène, comme en témoigne le lancement précipité de Yahoo! Vidéo.
Un autre acteur de ce marché, Dailymotion, émerge. Lancé en 2005, sa fréquentation ne cesse d’augmenter. Il s’agit là aussi de mettre en ligne ses vidéos et autres créations ou captures d’images et de sons, ce qui n’est pas sans poser de problèmes juridiques. Avec le haut débit, chacun peut rapidement envoyer ses exploits sur le Net. D’autres usages sont de mise, comme l’ont assimilé une flopée de start-up qui proposent leurs services en ligne. Aux Etats-Unis, Prosper, lancé à San Francisco, permet de mettre en relation petits emprunteurs et petits éparg-nants. Une commission est touchée par le site (0,5% des sommes annuelles touchées par les créanciers et 1% des sommes obtenues par les emprunteurs).
Au rayon personnalisation, Netvibes, lancé par le Français Tariq Krim, réinvente la page d’accueil en permettant d’y insérer les modules dont on a uniquement besoin à l’endroit que l’on souhaite. Courriels, dernières informations, météo: derrière cette nouveauté se cachent vingt-huit salariés, mais un modèle économique encore flou. Enfin, Technorati (basé à San Francisco) est un moteur d’indexation de blogs prisé des internautes. Ces outils se révèlent pratiques, mais les fournisseurs d’accès se doivent d’assurer le meilleur service possible. Certains préparent déjà les usages de demain, avec la démocratisation de la fibre optique.