Nouveau statu-quo de la BCE, qui a laissé son principal taux directeur à 4%. L’institution préfère se concentrer sur la hausse généralisée et durable du niveau des prix dans la zone euro.
« Les importantes évolutions de prix associées à la mondialisation rendent toujours aussi nécessaire une attention soutenue sur la stabilité des prix« , a expliqué ce lundi Jean-Claude Trichet. Le président de la Banque Centrale Européenne (BCE) tient en effet à maintenir les objectifs de niveau de l’inflation tels que fixés par l’institution, à savoir « au dessous, mais à un niveau proche, de 2 %, sur le moyen terme ».
Car la banque centrale se doit de faire respecter cet objectif, qui a été dépassé: selon des chiffres publiés par Eurostat, en mars, l’inflation a atteint 3,6% en rythme annuel, et 3,3% en avril. Le taux de refinancement (la possibilité proposée à une banque d’obtenir des liquidités auprès d’une autre banque ou de la banque centrale) a été maintenu jeudi dernier à 4%, restant stable depuis juin 2007. « L’ancrage solide des anticipations d’inflation à moyen terme reste la priorité absolue du Conseil des gouverneurs. Nous pensons que la politique monétaire actuelle va contribuer à atteindre cet objectif. Les indicateurs les plus récents et les enquêtes sur l’activité économique confirme les anticipations antérieures d’une croissance modérée mais poursuivie au premier semestre 2008« , expliquait l’homme fort de la banque centrale.
Des perspectives de croissance moroses
Le Fonds Monétaire International (FMI) se fait quant à lui plus pessimiste. « Dans un contexte où les perspectives de croissance sont de plus en plus négatives, la BCE peut se permettre d’assouplir sa politique monétaire« , avait suggéré en début de semaine dernière l’institution dirigée par Dominique Strauss-Kahn. En effet, la prévision de croissance dans la zone euro est ramenée à 1,4% pour l’année en cours (soit 0,2 point de moins que l’estimation publiée en janvier), et à seulement 1,2% pour l’année 2009. A la décharge de la BCE, le Fonds Monétaire International prévoit une inflation de 2,8% en 2008 pour la zone euro; avec un retour dans le cadre en 2009 (1,8%).
Interrogé à de multiples reprises sur une éventualité de baisse des taux face aux conséquences de la crise financière et boursière, Jean-Claude Trichet a expliqué qu’il n’y avait pas « de signes significatifs de difficulté au niveau de l’offre de crédits bancaires aux ménages et aux entreprises non financières » en zone euro, et que sa préoccupation principale restait la lutte contre l’inflation. La banque centrale anglaise (BoE) a pour sa part diminué d’un quart de point son principal taux directeur, à 5%. Question de priorités.