Échaudée par les polémiques sur les facteurs biologiques et environnementaux, l’industrie du saumon doit convaincre du bien-fondé de son action pour poursuivre son essor.
« A l’avenir, le développement durable sera le principal objectif de l’industrie du saumon », d’après Gorjan Nikolik, analyste chez Rabobank. La banque néerlandaise rappelle que la filière ne pourra faire l’économie d’une remise en question de ses pratiques environnementales, notamment en Norvège. Les limites de production limitées par le législateur contraignent toutefois ce scénario.
Les autorités norvégiennes émettent des licences d’exploitation « vertes », qui renforcent les normes environnementales auxquelles doivent se plier les producteurs de saumon. La mise en place de techniques plus vertueuses, la réduction de la mortalité et un travail sur la génétique figurent parmi les conditions. Au Chili, un projet de loi vise pour sa part à réduire la densité des exploitations. De récentes crises sanitaires ont déjà permis d’amorcer un changement de mentalité chez les producteurs.
Les marchés émergents prennent le relais de la Russie
Ces pratiques doivent notamment permettre d’accompagner la progression de la demande anticipée par Rabobank. Premier consommateur mondial de saumon, l’Union européenne devrait maintenir son rang au cours des prochaines années. L’embargo russe sur les importations agroalimentaires contraint à réaffecter 100.000 tonnes de saumon, qui devraient l’être dans l’Union européenne et dans une moindre mesure aux Etats-Unis, selon Gorjan Nikolik. « Comme la consommation de saumon continue de se mondialiser, il y aura un nombre croissant de marchés capables d’absorber des volumes supplémentaires », complète-t-il.
Les Etats-Unis constituent pourtant un important vivier de consommateurs potentiels, compte tenu de la faiblesse de la consommation de saumon par habitant. Les pays émergents représentent des débouchés bien plus forts. La Chine, le Mexique ou l’Inde figurent parmi ces marchés, en raison de l’augmentation des revenus, de l’essor des classes moyennes et de l’amélioration de la logistique. Les marchés émergents recensés par Rabobank pèsent aujourd’hui pour 35% des livraisons de saumon d’Atlantique, contre 20% il y a dix ans.
Les transformateurs se consolident
Pour toucher toujours plus de consommateurs, la filière peut également s’appuyer sur l’appétit pour les produits transformés à base de saumon. La rentabilité des acteurs de la transformation fait toutefois office de talon d’Achille, en raison d’un difficile équilibre à trouver entre les prix au comptant du saumon et la pression des distributeurs. Un mouvement de concentration a déjà été observé dans le secteur. Afin d’assurer leur avenir, les professionnels du saumon doivent toutefois mettre un terme aux polémiques actuelles sur les facteurs biologiques et environnementaux. Gorjan Nikolik estime à environ trois ans le délai nécessaire pour résoudre la plupart des problèmes identifiés, en tablant sur l’innovation.
Photo : saumon par Shutterstock