Importer du mezcal par voilier entre le Mexique et la France, tel est le pari réussi par un distributeur de spiritueux, des bars parisiens et un transporteur. Un voyage plus long que prévu, pandémie oblige.
Depuis quatre ans, le distributeur de spiritueux Mezcal Brothers fournit en mezcal (490 litres consommés par an) les bars rooftop du Perchoir (cinq établissements à Paris et prochainement une ouverture dans le 15ème arrrondissement). Le 19 mai, 580 litres conditionnés en 120 dames-jeannes en verre jaugeant cinq litres chacune doivent arriver au port du Havre, à l’issue d’un trajet démarré le 9 mars dernier au départ de Puerto Morellos, au Mexique.
C’est en goélette, transportant du rhum, du cacao et des épices, que s’est effectué l’essentiel du trajet – le Gallant est exploité depuis trois ans par la Blue Schooner Company, un transporteur spécialisé. Les seuls trajets en carburant étant ceux acheminant la cargaison de la distillerie au port, puis jusqu’aux différents bars.
Un périple contrarié
“Habituellement, nous importons le mezcal par containers maritimes. Grâce au voilier, nous avons réduit nos émissions carbone de 94%. En temps normal, le trajet prend de vingt à vingt-cinq jours par containers maritimes, et 70 jours par voilier. L’idée est de généraliser ce mode de transport. Le coût reste cependant élevé, quatre fois plus que par cargo”, explique David Migueres, cofondateur de Mezcal Brothers.
Les conséquences de la pandémie de coronavirus ont toutefois rendu le trajet plus complexe – et plus long – que prévu. Lorsque l’équipage (photo) est parti début mars, avec le barman Clément Gressier pour représenter Le Perchoir, seules quelques parties du globe étaient confinées. Les navigants ont appris la nouvelle du confinement en France au large de la côte des Açores. Ils n’ont pas pu y accoster. Pendant un mois, les cinq personnes ont été contraintes de rationner l’eau et leurs provisions, à cinq personnes. “Ils disent que l’égo est soluble dans l’eau de mer”, s’amuse David Migueres, satisfait de constater que le trajet se soit au final déroulé sans encombres.
Une démarche plus éco-responsable
“Il n’y a pas de maturation du mezcal par le bois, mais probablement des effets du roulis”, poursuit le distributeur qui souhaite, comme Le Perchoir, tendre vers davantage d’éco-responsabilité. Mezcal Brothers travaille notamment sur la distribution dans Paris en triporteur et a fait imprimer son catalogue sur du papier journal.
Prochaine étape désormais : l’embouteillage du mezcal directement dans les bars du Perchoir. Avec un autre imprévu : compte tenu du contexte sanitaire actuel, il conviendra d’attendre que ceux-ci aient rouvert.
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