COUP DE CŒUR — A Nice, passer un moment hors de la ville tout en étant connecté à son centre, dans un ancien couvent entièrement réhabilité, telle est la promesse de l’Hôtel du Couvent, ouvert début juin 2024.
Il s’agit d’un des plus atypiques, et des plus beaux hôtels que nous ayons visité. Une très belle place ponctuée d’oliviers. De multiples entrées dans la cour, tels différents établissements. Une incroyable vue sur la ville. Surtout, le silence, qui tranche avec l’énergie de la capitale azuréenne. Bienvenue à l’Hôtel du Couvent, inauguré en juin 2024 au cœur de la vieille ville de Nice (Alpes-Maritimes). Un établissement 5 étoiles de 88 chambres, qui compte 240 employés, « un ratio de type palace », souligne Mafoudia Touré, sa directrice commerciale.
Au terme de dix ans de projet, de recours et de travaux, le groupe hôtelier Perseus a donc reconverti le couvent de la Visitation, fondé par les sœurs Clarisses en 1604 puis occupé par les Visitandines à partir de 1803, et ce jusque dans les années 1980. Les agences Studio Mumbai, Studio Méditerranée (architecture) et Festen (architecture d’intérieur) ont pris en charge ce projet estimé au global à près de 100 millions d’euros, consistant à aménager 38 chambres dans le couvent historique, à construire deux nouveaux bâtiments et à créer de vastes espaces extérieurs.
De vastes espaces
En entrant dans la partie hôtelière du couvent, on est frappé par l’esprit rustique et méditerranéen des lieux. Les escaliers sont rugueux. De l’ardoise a été réemployée. Les bureaux ont été fabriqués avec du bois de charpente. Les chambres jaugent 45 mètres carrés en moyenne, un chiffre qui monte à 177 m² pour la plus grande suite, qui communique avec celle du Chapitre (115 m²) et une chambre de 40 m², baptisée Capucine. Pour cultiver l’esprit de déconnexion, les chambres sont dépourvues de télévision, mais il reste possible de se connecter au réseau wifi de l’hôtel.
Quatre piscines, dont un couloir extérieur de nage de 20 mètres, ponctuent les espaces de l’établissement, doté de thermes et d’une salle dédiée aux mouvements du corps (yoga, danse…) Au restaurant gastronomique, la majestueuse table centrale a 500 ans. Dans le bar, des tommettes restaurées apportent une dimension résolument chaleureuse. Surtout, l’Hôtel du Couvent dispose de sa propre boulangerie, qui produit du pain bio vendu sur place, d’une cave de 3000 bouteilles de vin nature et d’une herboristerie, exploitée par un artisan niçois qui concocte des infusions sur-mesure. Une bibliothèque est à disposition.
Dans la Cour des orangers, un marché de producteurs sera organisé le samedi matin. « Nos clients recherchent l’immersion dans le tissu local », illustre Mafalda Touré. Cet été, 70% des clients étaient américains. A l’extérieur de l’hôtel, un restaurant de type bistrot (Le Bistrot des Serruriers) a quant à lui pris place dans une rue adjacente, à destination de la clientèle locale.
Inspirations food à La Guinguette
Jusqu’au début de l’automne, un restaurant extérieur prend place en haut des jardins de l’Hôtel du Couvent. La Guinguette est conçue dans l’esprit d’un établissement éphémère, sans dressage mais avec un grand conteneur faisant office de bar et de cuisine. Il faut grimper dans les jardins, en s’accrochant, pour parvenir sur la terrasse, qui permet d’admirer la ville de Nice, jusqu’à la mer. « Nous souhaitions proposer un établissement assez festif et convivial. Le soir, on passe en mode apéritif », souligne Enzo Sigaut, le directeur de la restauration.
Après avoir dégusté, en amuse-bouche, une foccacia faite maison à partager, on se laisse tenter par l’incontournable salade niçoise, vraiment servie telle un plat, résolument généreuse, dans un esprit printanier, avec un œuf cuit 8 minutes. Le poisson occupe une place de choix : thon rouge et espadon parmi les plats du jour à la carte mi-août.
Côté boissons, on apprécie la sélection d’une brasserie locale, la Brasserie du Comté, basée à Saint-Martin-Vésubie (Alpes-Maritimes). Au rayon cocktails, le Negroni numéro 2 (gin, vermouth, Campari, betterave, fraise) surprend. Le côté sucré de la betterave se marie bien à l’amertume du vermouth. Une belle robe rouge carmillon caractérise le drink. La betterave apporte du corps, mais reste discrète en bouche. Encore plus étonnant est le 14 de la Rosa (saké, Dolin blanc, prune, poire, soda à la prune, sésame grillé).
Une ferme en propre
En termes d’approvisionnements, en plus de son jardin, l’hôtel dispose d’une ferme de 249 poules située à Touët-sur-Var (Alpes-Maritimes). Thomas Vétélé dirige les cuisines de l’Hôtel du Couvent. « Je n’ai pas besoin d’avoir recours aux œufs en bidon. Je vais chercher mes animaux à l’abattoir. Nous disposons de nos propres ateliers de boucherie et de poissonnerie. Nous devons développer les compétences de nos collaborateurs. La cuisine est un vecteur d’engagement, cela passe par le sourcing », appuie le chef, passé par différents hôtels 5 étoiles.
Question recrutement, « je ne cherche pas des chefs, mais des gens qui ont envie de faire à manger », poursuit Thomas Vétélé, qui espère réussir à stabiliser ses équipes (62 personnes en salle et 40 personnes en cuisine) dans les prochains mois. Si l’envie de rejoindre l’aventure vous tente, que ce soit côté staff ou comme client, sachez que l’accès en voiture est très difficile. Soit un voiturier vous accompagnera, soit vous serez déposé en voiturette. A pieds, c’est l’occasion idéale de mieux découvrir le cœur de Nice.