Des start-up et des marques bien installées rivalisent d’imagination pour se développer sur le marché du gin, qui a fortement progressé ces dernières années.
Dans l’univers des spiritueux, la catégorie gin a toujours de beaux atouts à faire valoir, veulent croire les exposants réunis au salon spécialisé Ginsiders, organisé début octobre à Paris. Pourtant, “le gin est actuellement en déclin à long terme sur le marché clé du Royaume-Uni, et a également perdu de son élan dans bon nombre de ses précédents des marchés en croissance comme le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Australie ; la croissance future du gin sera tirée par pays, dont les Philippines et le Nigéria”, indiquait cet été l’International wine & spirits research (IWSR), un cabinet anglais spécialisé dans le secteur.
A Saint-Genest-Malifaux (Loire), le Domaine de l’Herboriste, créé en 2022 par Thomas Pachalgikian, auparavant dans le marquage industriel, propose le Gin de l’Herboriste (45%), “un gin travaillé sur une base d’accords pamplemousse-romarin”, les notes d’agrumes et herbacées étant complétées par du poivre de Timut et du poivre de Sichuan vert, permettant d’apporter des notes épicées en fin de bouche. Le gin a été élaboré afin que chaque ingrédient puisse être perçu l’un à la suite de l’autre. Trois liqueurs sont aussi produites, avec du miel comme agent sucrant.
Lancé en 2021 et distillé en Belgique, 105Hz se présente comme le premier gin à la noix d’argan torréfiée. “Elle a un côté un peu rond en bouche”, illustre l’équipe de la marque en présentant cet ingrédient sourcé au Maroc. Le gin présente une belle longueur en bouche. Neuf mois ont été nécessaires pour aboutir à la bonne formulation, avec notamment de la genièvre, de l’angélique, de la bergamote et du galanga, une épice.
Dans l’Hérault, à Laurens, le Château Grézan, un domaine viticole appartenant à la famille Cros-Pujol depuis 1877, travaille depuis trois ans à partir de botaniques méditerranéens pour son gin, lancé en 2021. Pendant la fermeture des cafés-restaurants durant les confinements de 2020, contact a été pris avec un vigneron qui effectuait déjà des opérations de distillation. Du vin distillé est en effet utilisé dans la recette, à partir d’achats en gros. Le Grézan gin (42%) est très punchy, un peu vineux, et demeure consensuel.
Des marques qui se développent
Au printemps dernier, Maison Ferrand a pour sa part lancé Citadelle Rouge (41,7%), un gin infusé à la myrtille, au cassis, à la canneberge, à la framboise et à la rhubarbe. Un gin très accessible, doux, proche de la rhubarbe – les fruits rouges restent discrets. Ceux-ci se font plus intenses lors d’une dégustation avec du tonic.
Autre nouveauté, une deuxième édition de Vive le cornichon! (43,8%), un gin élaboré avec des cornichons français. 10 000 bouteilles ont été produites, contre 3000 l’an dernier, suite au succès inattendu de cette édition limitée. Des cornichons sont macérés dans un alcool de grain bio. Le point d’ébullition se situe à 30 degrés, contre 78 degrés traditionnellement en alambic charentais. Un rotovap de 100 litres est utilisé. Un succès inattendu, que Citadelle développe avec une idée de food pairing originale, grâce à la raclette – la marque s’est notamment associée, lors d’un événement, au fromager parisien Taka & Vermo.
Dans le giron de Pernod Ricard depuis 2019, la marque italienne de gin Malfy, positionnée sur le segment premium, est désormais dotée d’une version classique, l’Originale (41%) à déguster de manière classique (gin tonic) ou avec du citron vert et des baies de genièvre pour souligner ses arômes. Le gin, résolument traditionnel dans l’esprit, est assez franc, et légèrement fruité en fin de bouche, grâce à une pointe de citron.
Lancé en 2021 par Bollinger Diffusion, le gin Anaë, distillé en Charente avec huit botaniques issus de l’agriculture biologique, poursuit pour sa part son développement avec la mise en avant d’idées recettes, conçues par Charles Jonville, barman événementiel (Les cocktails de Charles) basé à La Rochelle (Charente-Maritime). Au programme de l’une des recettes, la Paloma : gin, verjus, cordial pamplemousse, bitter à base de maceron (une herbe sauvage au goût épicé rentrant dans la composition du gin Anaë). Le cordial est effectué en “super jus”, pour maximiser le rendement des pamplemousses.
La marque de gin Bombay Sapphire, propriété de Bacardi Martini, a pour sa part lancé une nouvelle étiquette sous l’égide de l’illustratrice américaine Maggie Enterrios, Artist’s Edition. Les plantes aromatiques qui composent le spiritueux sont représentées. A cette occasion, plusieurs barmans et consultants ont imaginé des cocktails, parmi lesquels Rémi Massai pour le French and stormy (gin, jus de citron vert, liqueur St Germain, sirop de sucre de canne, thé, Fever-Tree Mediterranean Tonic, verre vaporisé au mezcal). A découvrir aussi, le Lalou (sirop de grenade, gin, Fever-Tree fleur de sureau, grains de grenade, pamplemousse en garnish) et Monsieur Camille (gin, sirop de lavande, jus de citron, Mediterranean Tonic Fever-Tree, verre vaporisé au pastis).
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.
Photo de couverture : Ri Butov de Pixabay