Les comptes de la France font l’objet de points de vue différents entre Bruxelles et Paris. La Commission européenne met en garde le gouvernement quant aux hypothèses de croissance et de résorption du déficit public (mise à jour 22:32)
Nouvelles divergences entre une institution européenne et la France. Avant même de recevoir la recommandation qui doit être expédiée par la Commission européenne, Nicolas Sarkozy a battu en brèche la missive ayant pour objet le déficit public: « Les hypothèses de la Commission sont fondées sur des chiffres qui ne sont pas vérifiés, qui ont même été démentis« , a-t-il indiqué cet après-midi.
« Le message adressé à la France est qu’elle doit suivre la combinaison gagnante, celle qui consiste à mener de front les réformes et la consolidation budgétaire. Le processus de réduction des déficits ne doit pas s’arrêter sous prétexte que l’on est passé sous les 3% du produit intérieur brut (PIB). Les 3% ne sont qu’une étape vers l’objectif que doit être la stabilité budgétaire à moyen terme« , rappelle Joaquin Almunia, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires dans un entretien à paraître ce jeudi dans Les Echos.
Alors que la Commission européenne table sur un déficit public à 2,9% du PIB en 2008 et à 3% en 2009, limite du Pacte de stabilité, la France préfère maintenir l’objectif d’un déficit ramené à 2,5% du PIB en 2008 et 2% en 2009, des chiffres plus conformes aux normes en vigueur et en deça des prévisions européennes.
Tandis que la Commission prévoit une croissance de 1,4% en 2009, la France table sur une progression du PIB comprise entre 1,75% et 2,25%. Le président de la République a beau tenter de tempérer la situation en rappelant que « la Commission a très souvent encouragé et félicité la France pour les réformes qui sont conduites« , la colère du chef de l’Etat à l’encontre de l’institution européenne ne fait plus de doute. Le Point explique que la France reproche notamment à la Commission de ne pas avoir assez pris en compte les futurs effets de la Loi de modernisation de l’économie.
L’épineuse question de la dette publique
La France apparaît en mauvaise posture face aux représentants des institutions européennes. Paris a du se résoudre à repousser à 2012 l’objectif d’atteindre l’équilibre de ses finances publiques, contre 2010 initialement. Les services du ministère de l’Economie ont élaboré plusieurs hypothèses; on s’oriente davantage vers une croissance à 2,25% pour 2009 qu’à 3%. « La maîtrise de nos finances publiques est un impératif moral autant que financier. Les jeunes générations ne peuvent accepter que les générations actuelles vivent à leur crédit« , expliquait pourtant l’UMP dans son « Abécédaire de campagne ».
Ce n’est pas le seul point rouge auquel doit faire face le gouvernement: la dette publique, à savoir l’ensemble des engagements financiers futurs sous formes d’emprunts de la part de l’État, des collectivités publiques et des organismes qui en dépendent directement, est reparti à la hausse passant de 63,6% du PIB (Produit intérieur brut, la valeur totale de la production interne de biens et services dans un pays au cours d’une année donnée par les agents résidents à l’intérieur du territoire) en 2006 à 64,2% en 2007 (Insee). Le traité de Masstricht est donc violé; le texte établissant un plafond à 60% du PIB.
« Nous avons été critiqués pour avoir fait la part belle à la demande. Cette politique est aujourd’hui bienvenue, car elle tire le moteur de la croissance« , expliquait fin mars la ministre de l’Economie Christine Lagarde, tentant de justifier la multiplication des dépenses. Si l’embellie observée au premier trimestre peine à se confirmer par la suite, l’exécutif, Nicolas Sarkozy en tête, devra user d’autres ficelles pour redorer son blason sur la scène européenne. La tâche ne semble pas perdue pour autant: selon Les Echos, la Commission européenne invite Paris à « poursuivre avec détermination le processus de réforme structurelle à l’oeuvre« .